— Par Sylvie Javaloyes pour Culture Egalité —
« Yolaine » s’est présentée à la maison des syndicats et je l’ai reçue. Elle travaille depuis de nombreuses années sur une petite exploitation d’une commune du sud. Elle est postée au conditionnement de la banane. Elles sont une vingtaine de femmes payées au SMIC, sans aucun autre complément de rémunération bien sûr.
Sur leur lieu de travail il n’y a ni toilettes, ni douche, ni réfectoire, plus clairement aucun point d’eau ne serait-ce que pour se laver les mains. Elles doivent faire leurs besoins « dans les fourrés » …Et quand elles sont malades, qu’elles ont leurs règles ?… Des toilettes de chantier, enfin une seule, ont fini par être installées car il devait y avoir une visite de la médecine du travail. Chaque jour ces femmes arrivent en tenue de travail et repartent sans avoir pu se doucher et se changer
Ces conditions de travail abjectes sont déjà difficiles à vivre en tant que telles, elles sont une atteinte à la dignité de ces femmes. Mais elles ont aussi une incidence directe sur leur condition de vie en dehors du travail. . Elles sont nombreuses à se rendre sur leur lieu de travail en taxico : comment se rendre à une réunion de parents d’élèves, à une convocation à l’école, chez son médecin, faire des courses au retour de son travail ? Elles doivent obligatoirement repasser par chez elles et ensuite reprendre un nouveau transport en commun, et chacun-e sait les difficultés de se déplacer en bus ou en taxico, sans compter le coût.
Yolaine a bien essayé de dénoncer cette situation puisqu’elle est venue à la maison des syndicats. Mais ses collègues ne sont pas prêtes à dénoncer, à se mobiliser, par peur de perdre leur travail. Et seule, elle ne peut se défendre. (2132)
Sylvie Javaloyes