— Par Georges Malbrunot —
Le nouveau média français d’investigation Disclose publie une note de la Direction du renseignement militaire, qui fait l’inventaire de ces armes utilisées dans le conflit meurtrier au Yémen.
C’est la fin d’un secret de polichinelle. Des armes françaises sont bien utilisées dans la guerre au Yémen par les alliés saoudiens et émiriens de Paris, confirme une note de la Direction des renseignements militaires (DRM), révélée par Disclose, le nouveau média français d’investigation.
Selon la ligne invariablement avancée par Paris, qui ne dément pas l’existence de cette note, l’armement français possédé par l’Arabie et les Émirats arabes unis n’est utilisé que de manière défensive «et pas sur la ligne de front» dans cette guerre, qui a fait au moins 10 000 morts depuis 2015 et poussé des millions de Yéménites au bord de la famine. Cette version est contredite par la note de la DRM.
Rédigée en octobre 2018 et obtenue par Disclose – partenaire de France Info, Mediapart, The Intercept, Konbini et Arte – cette note mentionne bien des armes françaises utilisées sur le territoire yéménite par Riyad et Abou Dhabi contre les rebelles houthistes, minorité chiite soutenue par l’Iran et le Hezbollah libanais.
Selon cette note, 48 canons Caesar produits par l’industriel français Nexter et déployés le long de la frontière saoudo-yéménite «appuient les troupes loyalistes, épaulées par les forces armées saoudiennes, dans leur progression en territoire yéménite». Une carte de la DRM intitulée «population sous la menace des bombes» estime que «436 370 personnes» sont «potentiellement concernées par de possibles frappes d’artillerie», dont celles des canons français.
Appels à la transparence
De nombreuses ONG dénoncent régulièrement l’exportation d’armements français aux belligérants du conflit, susceptibles d’être utilisés contre les civils. La note de la DRM confirme également la présence de chars Leclerc «en position défensive». Faux, selon Disclose, pour qui les chars français ont été au cœur de la bataille d’Al-Hodeïda en novembre, qui a fait 55 victimes, d’après l’ONG américaine Acled.
Dans les airs, des Mirage 2000-9 «opèrent» également au Yémen, selon la note. Quant au pod de guidage laser Damoclès (Thalès), il «pourrait être employé au Yémen», suggère la DRM. Une information déjà publiée l’an dernier par certains spécialistes du conflit yéménite.
En juin 2018, Le Figaro révélait, de son côté, la présence de forces spéciales françaises avec les troupes émiriennes et leurs alliés locaux yéménites….
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