Watabwi, le groupe de souffleurs de conques marines sort son premier CDlivret. Un album envoûtant et exaltant conçu comme un voyage sonore autour de la conque de lambi, ce coquillage qui fut au coeur des pratiques culturelles
martiniquaises. Fruit d’années de travail et de recherche, disque patrimonial, Watabwi est un CD-livret qui s’écoute, qui se lit… et qui se danse.
Bon voyage!
Et au début était la conque…
Cadeau de la mer aux Hommes, la conque marine est l’un des plus vieux instruments de musique de l’humanité. Elle est soufflée par les aborigènes d’Australie depuis plus de 45 000 ans. On la retrouve dans l’antiquité grecque, égyptienne ou maya, dans le Pacifique, en Inde… La belle nacrée annonce les victoires, rassemble les hommes. Elle est aussi la voix et l’attribut des Dieux, l’instrument indispensable de nombreux rituels.
Aux Antilles, la pêche au lambi (strombus gigas) est pratiquée depuis plus de 6000 ans. Ce précieux coquillage est utilisé par les peuples premiers de cette région du monde comme source de protéines animales. La conque sert de
récipient, elle entre dans la fabrication de lames d’outils, de hameçons, de bijoux, et elle est un instrument sonore de communication.
Des nuances extraordinaires
Transmis par les Caraïbes aux esclaves noirs, l’art de souffler la konn lambi a été enrichi, affiné et codifié au fil du temps. La conque offre des nuances extraordinaires et si les conques peuvent être regroupées par tessitures, la “voix” de chacune est unique, et raconte une histoire particulière qui est aussi celle de l’alchimie entre le coquillage et son souffleur…
Watabwi, un voyage au coeur de nos traditions
La konn lambi a longtemps été au coeur de nos traditions et de la vie quotidienne martiniquaise. Dans les régions côtières, les pêcheurs l’utilisaient pour annoncer le coup de senne, informer sur les marées, appeler à l’aide en cas de problème en mer. Dans les campagnes, la konn rythme les koudmin et les récoltes. Partout, elle annonce les évènements sociaux, décès, naissances, mariages, avertit d’un incendie, ponctue les fêtes…appelle au rassemblement, voire à la révolte. Des détails très précis (sexe de l’enfant, sens du courant marin…) peuvent être donnés grâce aux nuances que produit le souffleur avec son instrument.
Le groupe Watabwi
Composé de onze musiciens, c’est cette histoire que Watabwi raconte en 17 titres et préludes, accompagnés d’explications. L’orchestre est né du désir impérieux de préserver et transmettre cet aspect du patrimoine immatériel de
la Martinique. Son nom lui-même est une forme d’hommage aux origines : il vient du mot kalinago (caraïbe) qui désigne la coquille et le mollusque, Watabwi ora.
Loin d’offrir un album nostalgique, le groupe montre que l’art de la konn lambi est bel et bien vivant à travers plusieurs de ses compositions. En harmonie avec la conque, Watabwi intègre d’autres instruments comme le tambour, le
chacha, le bwa wonflé, l’accordéon, la flûte. Le groupe accueille en son sein trois mèt-a-manyok, trois “maestros” : Monsieur Henri Brival maître du bwa wonflé, Monsieur Ti Tom Germany maître du chacha, et Monsieur Pierre-
Louis Delbois le dernier des maîtres-souffleurs de conque de la Martinique et facteur de konn lambi. Oreille absolue et pédagogue hors pair, il a guidé le groupe dans ses recherches.
“…la voici danser la danse sacrée devant la grisaille du bourg la voici barrir d’un lambi vertigineux voici galoper le lambi jusqu’à l’indécision des mornes (…) donnez-moi les muscles de cette pirogue sur la mer démontée et l’allégresse
convaincante du lambi de la bonne nouvelle !”
Aimé Césaire
Dossier de presse