— Texte de Révolution Socialiste n°319 —
Lutter pour la vérité, la justice, les réparations dans l’affaire du chlordécone, c’est une question de dignité. Bien sûr ! C’est aussi une question d’efficacité. La mobilisation a permis de sortir du secret, les turpitudes du système judiciaire et politique français, d’imposer des enquêtes, d’aiguiser la curiosité, de pousser des bouches à s’ouvrir. La vérité est encore loin d’être complète, mais on a fait du chemin par rapport à l’opacité des débuts.
Les propos de Macron sur « la responsabilité collective » ou « l’État a sa part », étaient une maigre ouverture, mais depuis, un tribunal a reconnu « les négligences fautives de l’État ». Victoire bien incomplète, mais victoire.
Les millions d’euros du plan 4 n’atteignent pas la centaine pour les deux pays sur des années et sont peu, comparés aux sommes mises en mouvement aux USA en 1977 après la pollution de Hopewell, mais sont plus que dans les trois plans précédents. Les maladies professionnelles liées au chlordécone se limitent au cancer de la prostate, mais même cela a été refusé pendant longtemps. Le Fonds d’indemnisation des victimes est maigre et difficile à mettre en œuvre, mais des plaintes au tribunal pour augmenter les indemnités commencent à être gagnées. Les recherches sont très insuffisantes, mais reconnues comme nécessaires.
Le dernier ministre des colonies parle de problème « grave », de « réparation » quand son prédécesseur osait dire que « personne ne lui parle plus de chlordécone ». Le Parlement français qui se croyait quitte avec une commission d’enquête, dont les recommandations ont été pratiquement ignorées, va résonner à nouveau des débats imposés par des députés partie prenante de la mobilisation.
Qui peut prétendre que ces résultats, même très partiels, auraient été là sans les mobilisations populaires ? Il est évident qu’on est loin du compte. Et c’est bien pour cela qu’il faut poursuivre, amplifier, et saisir pour cela l’occasion de la très prochaine mobilisation. La conférence de presse du samedi 14 a permis fort utilement de compléter les démarches sur le terrain, les prises de parole aux quatre coins du pays, les rencontres avec de nombreux élus, les distributions de tracts.
Dimanche 22, la population est appelée à venir en masse sur la Savane de Fort-de-France, découvrir les stands, déambuler, et parler, et s’informer sur tous les aspects de la problématique pour être à l’aise dans les débats qui vont suivre dans la semaine précédant la grande manifestation du samedi 28 octobre.
Durant celle-ci, des invités de Guadeloupe et de France renforcent l’éclat de la mobilisation. En France, se prépare aussi une manifestation pour le 28 octobre.
C’est l’occasion de redire solennellement que les forces qui composent le Collectif sont désireuses que tout le monde prenne sa place dans le combat commun.
Annou alé ! C’est le moment !