Violences et répression coloniale en Martinique

— Par Alain Limery, porte-parole du CNCP —

Déclaration relative aux violences qui secouent la société martiniquaise et à la répression coloniale qui sévit dans notre pays.

Personne ne saurait nier que notre pays se trouve aujourd’hui dans une zone de graves turbulences : débâcle économique et absence totale de visibilité quant à l’avenir, aggravation des difficultés et de toutes les formes de violences que subit notre Peuple, aiguisement des contradictions entre, d’une part, le Pouvoir colonial et la caste dominante béké et, d’autre part, les Martiniquais et Martiniquaises qui aspirent à l’autodétermination et à l’émancipation.

La responsabilité de l’État colonial français est manifeste quant à la dégradation de la situation de notre pays, comme l’illustrent parfaitement les données rappelées dans la réponse du Président du Conseil Exécutif de la CTM aux propos méprisants tenus par le Préfet à l’encontre des élus Martiniquais. Notre pays est, en effet, victime des politiques de démantèlement s’attaquant aux services publics de santé et d’éducation et des choix faits par le gouvernement français de mener une lutte contre le trafic de stupéfiants à notre détriment. Toutes nos familles et tous nos quartiers en subissent les conséquences.

Il est évident qu’aucune revendication corporatiste ou assimilationniste ne saurait sortir notre pays de l’engrenage mortifère qui le tient prisonnier. Au contraire ! Aujourd’hui, la France est plongée dans une spirale de déliquescence : crise économique, gouffre financier, instabilité politique, effondrement de sa puissance et de son autorité dans le monde, etc. Son intention clairement affichée est d’intensifier sa politique ultra-libérale de saccage et de renforcer son emprise dans les pays colonisés qu’elle domine encore au moyen

– du génocide par substitution,

-de la destruction de l’économie endogène,

-du renforcement de la domination administrative et technologique.

-de l’effacement de tout ce qui reflète l’identité Martiniquaise : Après la suppression de la qualification

de Peuple dans la Constitution française, le nom même de Martinique a été effacé sur les documents

officiels d’identité !

– du quadrillage militaire.

Sa seule réponse aux revendications populaires c’est l’accentuation du harcèlement policier et judiciaire contre tous ceux qui remettent en cause ses exactions.

En sont victimes, entre autres :

-les militants qui exigent justice et réparation quant au crime d’empoisonnement au chlordécone, qui dénoncent le vol des terres ou la vie chère dans notre pays :

-les 7 d’Océanis persécutés par l’appareil judiciaire depuis 2019, nassés et matraqués alors qu’ils manifestaient pacifiquement devant un centre commercial appartenant à un empoisonneur ; -Kéziah NUISSIER, dont des vidéos montrent clairement qu’il est agressé au sol par des forces de répression, accusé de « rébellion » par des gendarmes, dont le procès a été de nouveau renvoyé à Décembre 2025 ; -Anicia BERTON convoquée 4 ans après le « crime » d’avoir dit à des gendarmes que… «leur Karma subirait les conséquences de leur violence !»

-Hervé PINTO dont les terres familiales ont été spoliées et qui se retrouve condamné ;

-Rodrigue PETITOT, responsable du RPPRAC, accusé d’avoir proféré des « menaces sur personnes

détenteur d’un mandat », incarcéré dans l’attente de son procès ;

-Christian, Volkan, Manuel, Edwin, Baramine, militants sous le coup de procédures ou déjà emprisonnés ;

Le CNCP appelle tous ceux qui sont animés des idéaux de justice et de liberté à se mobiliser pour soutenir toutes les victimes de la répression et à élargir la dénonciation de celle-ci au niveau international.

Le CNCP dénonce le Pouvoir Colonial qui, en privant la majorité des jeunes d’éducation et de toutes perspectives d’épanouissement, jette ceux-ci dans la voie des toxicomanies et de la délinquance où ils s’autodétruisent, les livrant à l’instrumentalisation et à la manipulation par des chefs de gangs mafieux et les conduisant en prison.

Le CNCP appelle tous nos compatriotes à lutter contre les divisions entretenues par les colonialistes ou servant des intérêts politiciens, à renforcer l’unité nationale sans laquelle nous serions incapables de combattre victorieusement nos véritables ennemis.

Le CNCP considère qu’il ne s’agit pas d’aménager le système ; il faut le changer ! Il ne s’agit pas de quémander des pansements ; il faut imposer des solutions alternatives, ce qui exige que notre peuple s’organise à la base pour définir ses revendications et ses formes d’action dans le cadre d’une démocratie directe.

Le CNCP considère que c’est la lutte pour l’autodétermination et la décolonisation qui nous permettra de sauver notre pays et de conduire notre Peuple à l’émancipation.

16 décembre 2024

Pour le CNCP :

Le Porte-Parole Alain LIMERY