En 2020, plus d’une femme sur dix a déclaré lors de l’écoute avoir été menacée de mort.
Aider la femme à «dénouer les fils de la violence» dont elle est victime et «la mettre en sécurité»: la ligne d’écoute du 3919 est plus que jamais mobilisée alors que le nombre d’appels s’envole, selon sa responsable, Françoise Brié. Les chiffres communiqués à l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes (25 novembre) sont vertigineux. Le nombre d’appels traités par le 3919 ont augmenté de 114% entre 2017 et 2020, selon la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), qui gère la ligne depuis sa création en 1992. Joignables depuis août 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, les écoutants ont pris en charge 99.538 appels en 2020, en hausse de 22% par rapport à 2019. Le nombre total d’appels reçus sur la plateforme (164.957) a, lui, bondi de 70%.
«La période de la pandémie a vu une explosion des appels avec des situations très lourdes, des femmes qui se sont retrouvées bloquées avec leur agresseur, dans l’impossibilité de quitter le domicile», explique Françoise Brié, directrice générale de la FNSF, qui rappelle que «le foyer reste le lieu où les tensions sont exacerbées». Selon la FNSF, la quasi-totalité (95%) des appels «concernent les violences conjugales». Dans 69% des situations, ce sont les femmes concernées qui appellent. Dans les deux tiers des cas (68%), les victimes résident avec le partenaire violent. En 2020, plus d’une femme sur dix a déclaré lors de l’écoute avoir été menacée de mort.
Préparer le départ
«Les femmes appellent le 3919 pour demander de l’aide. Elles peuvent appeler en urgence car elles viennent de quitter le domicile ou ont été mises à la rue», relate Françoise Brié. À l’autre bout du fil, la personne écoutante oriente la victime vers une structure d’hébergement. «La priorité est de la mettre en sécurité», insiste la responsable de la FNSF. À côté de ces situations où le péril est imminent, neuf appels sur dix sont des demandes d’écoute, de soutien et de conseil. Il s’agit alors d’«aider à dénouer les fils de la violence», selon l’expression de Françoise Brié. «Les femmes veulent très souvent partir de leur domicile. Le 3919 est là pour les soutenir dans la préparation du départ, pour éviter justement ces situations d’urgence».
«L’écoutant(e) va aider la femme victime en lui indiquant un lieu d’accueil où un professionnel pourra voir avec elle à quel moment quitter le domicile, avec quels papiers, comment cela va se passer avec les enfants», détaille Françoise Brié. Il revient aux services du 3919 de «saisir le moment où se trouve la femme dans son parcours, pour ensuite l’amener à sortir du domicile en toute sécurité». «Les femmes ne sont pas toujours prêtes à la séparation, à quitter le domicile en raison de leur situation socio-économique, parce qu’elles sont encore sous l’emprise de l’agresseur, parce qu’elles ont peur. Notre rôle est de leur dire qu’il y a des solutions et qu’il vaut mieux préparer le départ», insiste-t-elle. D’autres veulent que ce soit leur conjoint qui quitte le domicile et «il est important de les soutenir dans cette démarche», avec le souci toujours de les protéger car «rester dans un logement dont monsieur connaît l’adresse peut être compliqué».
Cela passe par exemple par des procédures, comme l’ordonnance de protection, qui permettent de «rester au domicile tout en assurant l’éviction du conjoint violent». Car l’objectif est toujours le même: «la sortie des violences conjugales». En 2020, celles-ci ont augmenté de 10% par rapport à 2019, concernant 159.400 personnes dont 87% de femmes.
Source : Le Figaro avec AFP
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