— Par Pierre Alex Marie-Anne —
Assurément, pour la classe politique martiniquaise ,qui s’est révélée incapable de porter avec efficacité le dossier de la vie chère dans notre île devant les plus hautes instances nationales ,afin qu’une solution pérenne lui soit apportée. Bien que comprenant pas moins de six parlementaires (4 députés et 2 sénateurs) ,deux présidents de collectivité territoriale , trois présidents d’EPCI et trente quatre maires, elle en est réduite à s’en remettre aux initiatives d’un ancien repris de justice pour faits de violence et trafic de drogue ( selon les propres dires de l’intéressé !) ,apparemment seul en mesure de mobiliser la population ,“son peuple “ (sic) ,pour ce combat légitime contre la vie chère. On ne saurait mieux démontrer à quel point le fossé s’est creusé entre ces éminents responsables politiques et la masse des citoyens. Pendant qu’ils multipliaient les réunions en congrès, pour discuter doctement du sexe des anges ,les problèmes que doivent affronter journellement leurs compatriotes ne faisaient que s’aggraver.
On en est maintenant arrivé à l’heure de vérité sur le plan politique : que demandent les manifestants rassemblés autour du “R” ? rien moins que l’égalité des prix sur la base de l’égalité des droits , autrement dit d’être traités comme des français à part entière : quelles solutions sont avancées par les uns et par les autres ,et notamment les dirigeants de la CTM, pour mettre fin au marasme engendré par le coût actuel de la vie? Elles se résument en un leitmotive : l’État, l’État, «au secours l’État !», seul capable d’imposer aux compagnies maritimes la baisse du fret, en la compensant par le moyen de la continuité territoriale ;ou encore de garantir aux collectivités locales que la réduction de l’octroi de mer sur les produits de première nécessité ne se fera pas au détriment de leurs recettes fiscales. A tous les carrefours de l’action publique, qu’il s’agisse de solidarité sociale , de logement, d’éducation ou de santé on retrouve inévitablement l’État dont l’implication est la condition sine qua non du progrès et du développement ; cela fait ressortir l’inanité de la ligne politique suivie ,depuis des décades , par les dignitaires PPM qui n’ont eu de cesse de dénigrer ce même État et de refuser avec hauteur de participer à ses organes décisionnels. Au lieu de rechercher, en concertation avec lui ,le moyen de régler les problèmes majeurs qui assaillent notre société, ils ont préféré s’adonner à des spéculations institutionnelles fumeuses ne débouchant sur rien de concret ,faute de pouvoir tabler sur une base économique viable. I
l y a urgence à sortir de cette attitude schizophrénique de nos dirigeants qui veulent tout à la fois l’implication maximum de l’État français dans notre territoire, notamment sur le plan financier,mais refusent obstinément tout ce qui va dans le sens d’une meilleure intégration à la nation française. On ne peut vouloir simultanément être dehors et en dedans , il faut choisir ! Les martiniquais pour leur part , adeptes du double jeu et du double langage , envoient les représenter dans les instances nationales aussi bien que locales des “indépendantistes “confirmés ,alors qu’eux-mêmes se révèlent tous les jours être de farouches partisans de l’osmose totale avec la nation française ; les slogans proférés lors des récents évènements :«mêmes prix que dans l’hexagone !» ne laissent aucun doute à ce sujet ( si ce n’est pas le vœu d’une assimilation intégrale ,qu’est-ce que c’est?). Ils doivent savoir cependant qu’à force de trop jouer avec le feu on finit par se brûler; non seulement en cultivant cette ambiguïté, ils se condamnent , à l’immobilisme si ce n’est à la régression mais de plus , dans le contexte budgétaire et financier des plus critiques que traverse la France ,ils s’exposent à faire un jour les frais d’éventuelles remises en question radicales.
Pierre Alex MARIE-ANNE