Vie chère : mission impossible ?

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

La situation financière actuelle de la France rend effectivement difficile la mise en œuvre de mesures coûteuses, pour lutter contre la vie chère comme celles envisagées pour la Martinique et potentiellement applicables pour l’ensemble des territoires d’outre-mer. Plusieurs éléments doivent être pris en compte pour évaluer la marge de manœuvre de l’État français : d’abord L’État français est  contraint par les règles budgétaires de l’Union européenne (Pacte de stabilité et de croissance) qui impose une réduction progressive du déficit et de la dette. La Commission européenne devrait surveiller de près le retour à une trajectoire budgétaire plus orthodoxe, ce qui limite la flexibilité budgétaire de la France. Puis Supprimer ou alléger la TVA sur certains produits en Martinique (et potentiellement dans d’autres DOM) pourrait avoir un coût considérable. La TVA est une source majeure de recettes pour l’État. Réduire ces recettes sans compensations budgétaires pourrait aggraver le déficit.

Continuité territoriale et péréquation pour le fret maritime : L’idée de compenser les surcoûts du fret maritime par une péréquation nécessite également des financements. Cette mesure pourrait être coûteuse si étendue à l’ensemble des DOM-TOM, car le coût du transport y est significatif et variable selon les territoires . La Marge de manœuvre politique et budgétaire de la France hexagonale et de la CTM étant quasiment nulle, alors la solution serait de réallouer des ressources . Ainsi , L’État pourrait tenter de financer ces mesures en réallouant des ressources à l’intérieur du budget la mission outre-mer . Cela impliquerait des choix difficiles, notamment des réductions dans d’autres domaines (santé , éducation, social , aides économiques, etc ) pour financer ces nouvelles mesures. Mais le gouvernement doit également tenir compte des tensions sociales importantes dans les territoires d’outre-mer. La crise de 2009 en Martinique, Guadeloupe et d’autres territoires avait déjà montré les dangers d’une mauvaise gestion de ce type de crise. Ne pas répondre aux revendications pourrait exacerber les tensions sociales et entraîner des perturbations économiques encore plus coûteuses à court -moyen -long terme. Cependant à très court terme, cela semble mission impossible. La marge de manœuvre financière de l’État français est très limitée dans le contexte actuel. Il sera difficile de financer des mesures coûteuses comme la suppression de la TVA, la mise en œuvre de la continuité territoriale ou la péréquation pour le fret maritime sans aggraver encore le déficit public ou la dette. L’État devra faire des choix budgétaires délicats ou trouver des moyens alternatifs de financement (comme des fonds européens) pour satisfaire les demandes des territoires d’outre-mer tout en évitant une dégradation supplémentaire des finances publiques.Des réformes structurelles, couplées à des mesures ciblées et temporaires, pourraient offrir une solution plus viable à moyen terme pour répondre aux revendications tout en préservant l’équilibre budgétaire. Toutefois ceci paraît impossible en un court laps de temps, aussi je crains fort des craquements propices à de nouvelles turbulences au niveau du front de la lutte ouverte par les activistes et syndicats. Wait and see… !

Celui dont la pensée ne va pas loin verra ses ennuis de près

CONFUCIUS