Vibrasyon a mas : Un patrimoine revisité

— Par Christian Antourel —

Une exposition collective où 4 photographes Carla Bernhadt, Malaine Blonbou, Jessica Laguerre et yannick Mondelo, témoignent de leur vision de l’esthétique , de l’ émotion qu’il tiennent à nous offrir en partage. Nous parler de l’identité culturelle de la Guadeloupe à travers une cinquantaine de photographies empreintes de leur sensibilité en éveil lors des déboulés des groupes à po.

De manière générale il est dit qu’une œuvre d’art est un élément physique esthétique ou création artistique. Le mot esthétique implique l’action de provoquer chez ceux qui vont la regarder le sentiment que quelque chose est beau. L a notion de beauté étant très subjective car elle dépend de l’interprétation de chacun. Une œuvre d’art peut plaire à un certain public et déplaire à un autre. Gageons que cette exposition devrait plaire au plus grand nombre, d’autant que bougent encore en nous, et dans nos rétroviseurs des images semblables du carnaval Martiniquais 2022. Il apparaît aujourd’hui que la photographie classée dans le 8è art (art médiatique, la radio, la télévision et la photographie) devrait l’être dans le 3è (art visuel, au même titre que la peinture et le dessin) tant elle distille en nous un univers d’émotions, de sensation et de créations multiples. Surtout pas de photos conventionnelles. L’idée tient dans cette proposition : images fascinantes qui prolongent le mythe du carnaval et son contre-champ socioculturel. Ce point d’ancrage effectué, la recherche perpétuelle de l’envoûtement du public et autres effets d’une beauté avec supplément d’âme, fait sens, sans jamais se dissoudre gratuitement dans le délire arty. Mieux, leurs styles trouvent même dans la rigidité apparente du scénario, prétexte à une pluie d’émotions et de force, matière à se développer définitivement. Exercice de style pointilleux et racé, étude de caractères acérée comme une lame. Nos photographes exploitent les déplacements de foules, pour mettre en scène la fluidité visuelle de leurs photos. Comme un vecteur, une navette qui lancée à travers la ville en dessinerait le charme général. Mais leur présence souriante ne se limite pas à leur seule entente artistique Même dans l’affrontement basique, entre eux, ils se stimulent les uns les autres, allant même jusqu’à partager leur moi profond, lors de confidences photographiques intimes, courtoises et silencieuses.

Ces artistes ne sont pas des duettistes classiques  de type bien contre mal et ça se ressent. Pour capter la lumière, et jusqu’au plus près des teintes nocturnes de la ville ils quadrillent littéralement et vampirisent par leur seul talent les codes et les éléments préexistants, qu’ils métamorphosent pour s’accomplir et trouver leur place dans le système. On est à priori dans l’entertainment pur. Mais Le retour du noir et blanc deci delà, est une évolution esthétique quand l’exposition se situe à une étrange croisée des chemins où se rencontre l’esprit de la photographie. Impossible de ne pas s’apercevoir du talent révélé en plein jour et de l’intensité psychologique de ces photographes au cœur d’artichaut mais dont la sophistication du savoir-faire s’accouple au mythe ancestral du carnaval guadeloupéen. Et cette carte du Tendre n’a pas fini de déployer des fresques aventureuses ni tout à fait révolutionnaires, ni plus complètement classiques. Les photographes qui font de l’espace public leur terrain de jeu, capables de surgir n’importe où, à tout moment, voient leurs productions régulièrement encensées comme les chefs-d’œuvre d’un genre nouveau. À la fois reflet et miroir, cette odyssée sensorielle,  urbaine et postmoderne qui condense les multiples facettes de ces sorciers du réel est, sans aucun doute l’une des plus belles aventures carnavalesques de la Guadeloupe…

 

 

 

 

 

Jusqu’au 2 avril 2022

Au Créole Arts Café

103 rue Victor Hugo

97250-SAINT-PIERRE

0596 97 67 87. Christian Antourel.