Vers un entrelacs de recomposition et décomposition du paysage politique : Cap vers l’horizon 2027 !

— Par Jean-Marie Nol, économiste —

Un entrelacs est un ornement composé de motifs entrelacés, dont les lignes s’entrecroisent.. Et en terme de pratique politique, c’est la préfiguration d’un entremêlement des anciennes idéologies politiques. Pourquoi cette confusion ?

En 2027 au moment de la prochaine élection présidentielle, la France, comme le reste du monde, sera façonnée par une série de mutations politiques, idéologiques, démographique, sociologiques, technologiques et géopolitiques. Les nouvelles menaces, telles que le changement climatique, la transition écologique et énergétique, la fracture démographique et les flux migratoires, transformeront profondément la société française. Parmi ces problématiques, celle qui convient de souligner n’est autre que la révolution technologique, portée par l’automatisation et l’intelligence artificielle (IA), qui transformera le marché du travail. De nombreux emplois traditionnels disparaîtront, remplacés par des technologies avancées. Les secteurs de la santé, de l’éducation, et surtout des services seront particulièrement affectés. La formation continue et la reconversion professionnelle deviendront essentielles pour permettre aux travailleurs de s’adapter ou dans le cas contraire de disparaitre avec pour tous moyens de subsistance un revenu universel de base. La polarisation politique et la violence au sein de la société pourrait s’accentuer. Les clivages idéologiques entre progressistes et conservateurs, entre partisans de la mondialisation et défenseurs du protectionnisme, seront plus marqués. La montée des populismes et des extrêmes politiques pourrait fragmenter davantage le paysage politique.  La dissolution de l’Assemblée nationale et les prochaines élections législatives vont bouleverser le paysage politique français, laissant émerger la possibilité d’un nouveau gouvernement dominé par l’extrême droite du Rassemblement National (RN).

Dans ce contexte tendu, le Nouveau Front Populaire (NFP), une coalition de gauche regroupant des socialistes, des écologistes et des forces de la gauche radicale, tente de s’imposer comme une alternative crédible. Mais face aux profondes divergences idéologiques en son sein, cette alliance n’est-elle pas déjà condamnée à l’échec d’une accession au pouvoir à horizon 2027 ?

En toute vraisemblance à échéance 2030, la France sera confrontée à des défis complexes et interconnectés. Le changement climatique, la transition technologique, les flux migratoires, et les mutations politiques et géopolitiques transformeront la société de manière profonde. La capacité de la gauche à répondre à ces défis dépendra de la mise en œuvre de politiques inclusives, durables et innovantes. La résilience de la société française sera testée par des forces centrifuges, mais elle pourrait également émerger renforcée par ces transformations.

La transition écologique impliquera des changements dans les modes de vie des citoyens. La consommation responsable, le recyclage, et la réduction de l’empreinte carbone individuelle deviendront des normes sociétales. Ces changements pourront générer des tensions, notamment entre les générations et les différentes classes sociales, en fonction de la capacité de chacun à s’adapter aux nouvelles exigences. La coopération internationale, la solidarité nationale, et l’engagement citoyen seront essentiels pour naviguer dans cette nouvelle ère de mutations rapides et profondes. C’est là une gageure pour l’Outre Mer.

La vie politique française se dirige-t-elle vers une nouvelle fracturation des forces politiques en présence et une radicalisation accrue qui engendrerait un tournant autoritaire de la politique française ?

Pour ce qui nous concerne, nous subodorons que les actuelles élections anticipées vont fragmenter le paysage politique en trois blocs principaux : l’extrême droite avec le Rassemblement National (RN), un bloc central autour de Renaissance, et un Nouveau Front Populaire (NFP) regroupant la gauche. Cette polarisation reflète des divisions profondes sur des questions économiques, sociales, et identitaires. Le RN, capitalisant sur la peur de l’immigration et l’insécurité, prône des politiques protectionnistes et nationalistes. La question de l’immigration continue de diviser. Le RN utilise ce thème pour rallier des électeurs inquiets de la perte d’identité nationale. Des incidents racistes et xénophobes se multiplient, exacerbant les tensions communautaires. Le débat sur l’identité nationale, l’intégration, le déclassement culturel, et le multiculturalisme est devenu particulièrement virulent. Les communautés d’immigrés, souvent stigmatisées, ressentent un sentiment d’exclusion croissant et beaucoup de jeunes diplômés issus de la diversité quittent déjà la France. Les politiques d’intégration semblent inefficaces, et les initiatives visant à promouvoir la cohésion sociale peinent à obtenir des résultats concrets.

Par ailleurs en dépit de ces difficultés, Le bloc central tente de poursuivre un agenda réformiste et pro-européen, tandis que le NFP appelle à une redistribution massive des richesses et à une transition écologique. Ces divisions rendent la formation d’une majorité stable encore plus difficile et alimentent les tensions politiques ainsi que les enjeux autour d’une France devenue ingouvernable.

La possible arrivée au pouvoir d’un gouvernement dirigé par l’extrême droite, soutenu par une partie des Républicains, va incontestablement intensifier les tensions sociales et politiques. Les premières mesures de ce gouvernement, visant à restreindre l’immigration, renforcer la sécurité intérieure et adopter des politiques économiques protectionnistes, ont déjà provoqué des réactions vives. Les manifestations et les grèves se multiplient, tandis que la polarisation politique atteint des niveaux sans précédent.

Alors quel sera la marge de manœuvre du Nouveau Front Populaire, constitué pour faire barrage à la montée de l’extrême droite, et qui est né de l’union de différentes factions de la gauche française, incluant des socialistes, des écologistes, et des représentants de la gauche radicale. Malgré leur objectif commun de justice sociale et de transition écologique, les divergences idéologiques au sein du NFP sont profondes :

– Parti Socialiste (PS) : Traditionnellement réformiste, le PS prône une économie mixte, alliant marché et régulation étatique, avec un accent sur les politiques sociales.

– Les Verts (EELV) : Focalisés sur la transition écologique, les écologistes plaident pour des politiques ambitieuses de lutte contre le changement climatique, souvent en conflit avec les considérations économiques immédiates.

– La France Insoumise (LFI) : La gauche radicale, incarnée par LFI, défend des positions anti-capitalistes, des réformes profondes du système économique, une sixième république, et une opposition farouche à l’austérité et au néolibéralisme. La France insoumise devrait sur ces entrefaites encore radicaliser le discours politique avec toutefois un fort risque à terme de marginalisation.

Ces différences idéologiques rendent la cohésion du NFP délicate, surtout dans un contexte où chaque composante devra faire des concessions pour maintenir l’unité jusqu’à l’élection présidentielle de 2027.

La capacité du NFP à mobiliser un électorat large et diversifié sera cruciale. La fragmentation des électeurs de gauche et la désaffection vis-à-vis des partis traditionnels représentent des obstacles significatifs. Les désaccords sur des questions clés, comme la taxation des riches, les réformes du marché du travail, et les politiques énergétiques, sont susceptibles de provoquer des frictions.

L’incapacité du NFP à présenter une alternative crédible, cohérente et unie en 2027 pourrait conduire à une radicalisation accrue de la vie politique française. Les partis de gauche, comme le Nouveau Front Populaire (NFP), pourraient certes voir un regain de soutien en proposant des politiques de redistribution et de protection sociale pour atténuer les effets négatifs de l’automatisation sur l’emploi. Des mesures telles que le revenu universel, la réduction du temps de travail, et des programmes de reconversion professionnelle pourraient être au centre de leur programme lors de l’élection présidentielle de 2027. Mais si le NFP échoue à contrer efficacement la politique du gouvernement d’extrême droite au pouvoir, plusieurs scénarios préoccupants pourraient se matérialiser  comme très vraisemblablement une montée des Extrêmes et une bipolarisation de la vie politique en France. Une future bipolarisation de la vie politique française, similaire à celle des États-Unis, avec deux partis dominants – l’extrême droite et un bloc central de gauche social-démocrate – est une hypothèse intéressante à considérer dans un contexte de déstructuration. Voici une analyse des implications et des facteurs qui pourraient favoriser ou contrarier cette évolution. La France a traditionnellement eu un paysage politique multipolaire avec plusieurs partis jouant des rôles significatifs. Cependant, des tendances récentes montrent une polarisation croissante autour de questions identitaires, culturelles, écologiques, économiques et sociales.

Le Rassemblement National (RN) et ses alliés (potentiellement des Républicains conservateurs) pourraient constituer un des pôles dominants en pôle position pour l’élection présidentielle de 2027.  Et c’est ce scénario que le président Emmanuel Macron tente de déjouer par un jeu à quitte ou double. Leurs positions fermes sur l’immigration, la souveraineté nationale et le protectionnisme économique peuvent attirer une base électorale large, surtout dans un contexte de crise économique et sociale. Cependant, leur succès dépendra de leur capacité à gouverner efficacement au redressement des finances publiques, et à répondre aux défis complexes de la société moderne. Un bloc central de gauche social-démocrate beaucoup plus radicalisé pourrait émerger, intégrant Renaissance (héritiers de la présidence Macron), des éléments des Républicains modérés, le Parti Socialiste (PS) et les Verts (EELV). Ce bloc viserait à combiner réformes économiques avec justice sociale et transition écologique. Leur défi serait de maintenir une cohésion entre des sensibilités politiques différentes et de proposer un programme attractif pour une large part de l’électorat. La polarisation pourrait s’accentuer, avec une montée en puissance de mouvements politiques encore plus extrêmes à gauche et à droite. La violence politique et les affrontements idéologiques pourraient devenir plus fréquents et entraîner une perte de repères aux Antilles Guyane. Le brouillage des enjeux de la responsabilité locale et une perte de confiance dans les institutions démocratiques et les partis politiques traditionnels pourrait se traduire par une nouvelle baisse de la participation électorale, un éclatement de la gauche jusqu’à aujourd’hui dominante dans ces régions ultra- marine et une montée du cynisme politique. Et ce d’autant que les politiques économiques et sociales du gouvernement d’extrême droite contrainte à la rigueur budgétaire, seraient perçues comme injustes par une grande partie de la population, et pourraient provoquer des mouvements sociaux massifs et des grèves généralisées. La dissolution de l’Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron a ouvert une période de turbulences politiques et sociales majeures en France. Cette décision, motivée par l’incapacité de former une majorité stable, a entraîné des élections anticipées qui ont révélé et exacerbé les fractures existantes au sein de la société française. Alors que le pays se débat avec une crise de la dette et une accélération sans précédent de la révolution technologique, les problématiques sociales et économiques se multiplient, menaçant la cohésion nationale. Il nous semble évident que la crise de la dette publique va bien être le cauchemar économique. La crise de la dette publique est au cœur des préoccupations actuelles. La dette de la France a atteint des niveaux historiques, et frise les 110 % du PIB. Les mesures d’austérité envisagées pour contenir cette dette seront profondément impopulaires et risquent de creuser davantage les inégalités.Les coupes budgétaires affectent déjà les services publics essentiels, de la santé à l’éducation, exacerbant les frustrations de la population. Les régions les plus pauvres, en particulier les zones rurales, les banlieues et les régions d’outre-mer, ressentiront les effets les plus sévères.

Notamment le changement climatique aura des répercussions majeures sur l’environnement en Guadeloupe et en Martinique. Les phénomènes météorologiques extrêmes, comme les canicules, les tempêtes et les inondations, deviendront plus fréquents et plus intenses. Les soles agricoles seront particulièrement touchées, affectant la production alimentaire et l’économie rurale.

Pour l’instant, la colère monte parmi les citoyens qui voient leur qualité de vie se dégrader tandis que les riches semblent épargnés. En parallèle, la révolution technologique bouleverse le marché du travail. La robotisation et l’intelligence artificielle (IA) remplacent des milliers d’emplois traditionnels, notamment dans les secteurs de la manufacture et des services. Si ces technologies promettent des gains de productivité, elles laissent aussi de nombreux travailleurs sur le carreau.Les jeunes auparavant contraints à l’exil, les travailleurs peu qualifiés, et même certains professionnels voient leurs perspectives d’emploi se réduire. Les formations professionnelles et les reconversions proposées par le gouvernement peinent à suivre le rythme des changements technologiques. Les syndicats tirent déjà la sonnette d’alarme sur les conditions de travail et la précarité croissante. Pour conclure nous dirons que la France se trouve à un carrefour décisif. La combinaison d’une crise de la dette, d’une révolution technologique rapide, et de fractures sociales et politiques profondes crée un climat explosif. La capacité des leaders politiques à proposer des solutions viables et à restaurer la confiance pourtant cruciale est très loin d’être au rendez-vous. Des réformes structurelles audacieuses sont nécessaires pour moderniser l’économie tout en protégeant les plus vulnérables. La promotion de la cohésion sociale, par des politiques d’inclusion et de justice sociale, doit être une priorité. Sans cela, la France risque de s’enfoncer dans une spirale de tensions, de violence sociale et sociétales, de divisions, menaçant l’unité nationale et la démocratie. C’est dans ce contexte que la possibilité d’une bipolarisation de la vie politique française vers un système similaire à celui des États-Unis avec deux principales forces politiques radicalisées n’est pas à écarter, mais elle dépendra de nombreux facteurs, y compris les dynamiques internes des partis, les réponses aux crises actuelles et à venir, ainsi que les changements dans les attentes des électeurs. Ce scénario représenterait un changement significatif par rapport à la tradition politique française, et son évolution probablement problématique restera à observer avec attention.

« Adan on kalbas tini dé kwi » 

Moralité : Dans la vie il y a des évidences auxquelles il faut se résoudre.

Jean marie Nol économiste et juriste en droit public