— Par RFI —
Les manifestations se multiplient au Venezuela pour exiger du « pernil ». Ce jambon à l’os, plat principal des fêtes de fin d’année, est touché par une importante pénurie pour la deuxième année consécutive.
Avec notre correspondant à Caracas, Benjamin Delille
Les rassemblements et les blocages de route se multiplient depuis trois semaines pour exiger que le pernil soit distribué par les autorités. C’est lors du dernier week-end de décembre que cette colère a été la plus intense, en particulier à Caracas, la capitale. Dans plusieurs quartiers populaires, les principaux accès ont été fermés quelques heures par des habitants en colère.
Samedi 29 décembre, un groupe de personnes a même tenté d’aller réclamer leur jambon directement devant le palais présidentiel avant d’être dispersé par la garde nationale bolivarienne. Une dispersion à coup de gaz lacrymogènes, utilisés aussi dimanche contre les habitants du barrio Limon, qui avaient bloqué la route reliant Caracas à son aéroport international.
Pourquoi une telle colère dans un pays tristement habitué aux pénuries d’aliments ? « Le pernil au Venezuela, d’un point de vue culturel, est l’équivalent de la dinde pour Thanksgiving aux Etats-Unis, explique Alfredo Infante, prêtre du barrio La Vega. Le gouvernement s’en est servi pour les élections municipales du 9 décembre en disant : « Si tu votes, tu vas passer un bon Noël car tu auras un pernil ». »
En 2018, le gouvernement avait promis que toutes les familles vénézuéliennes auraient au moins un pernil. Mais dans les endroits où des jambons ont effectivement été distribués, les familles ont souvent dû le partager avec leurs voisins. Bon nombre d’entre elles l’ont d’ailleurs mangé avant Noël car ils n’avaient rien d’autre à se mettre sous la dent.
Source: RFI