Valse des étiquettes et crise financière actuelle : les Martiniquais et Guadeloupéens verront bientôt rouge !

— Par Jean-Marie Nol, économiste et ancien banquier —
Depuis plus de 2 ans les Martiniquais et les guadeloupeens scrutent de plus en plus près les étiquettes en magasins. Et ils se serrent chaque mois davantage la ceinture. L’inflation précarise de nombreux guadeloupéens et surtout Martiniquais qui pour s’en sortir font de plus en plus appel aux CCAS, les centres communaux d’action sociale et se ruent dans les épiceries solidaires.

En cause la crise économique , inflationniste et financière actuelle .
Nul besoin dans de telles conditions de se pencher sur une quelconque analyse, qu’elle soit technique ou fondamentale pour comprendre qu’un crash bancaire mondial à déjà eu lieu dès la semaine dernière. La partie est jouée , et pour cause la France a déjà basculé dans la récession économique, et on va assister à une succession de faillites d’entreprises et de surendettement des ménages au cours de l’année 2023 . Et aussi , fait notable, à la chute des actifs en bourse au gré des ventes paniques d’investisseurs .
La crise financière actuelle avec la déconfiture du secteur bancaire s’explique par la conjonction de nombreux phénomènes, en particulier par l’accumulation de déséquilibres macro-économiques, la formation récurrente de bulles spéculatives sur les marchés financiers en raison des comportements mimétiques, et par les mutations microéconomiques liés au rôle central du crédit et des innovations financières dans nos économies. Le retour de bâton est aujourd’hui brutal. Déjà, l’on peut relever qu’aux Etats-Unis, les dépôts dans les banques fondent, sur fond de tensions persistantes sur certains segments du système financier. Les gens enlèvent leur argent des banques surtout régionales et locales qui “ont vu leurs dépôts plonger de 120 milliards de dollars durant la semaine précédant le 15 mars”, au plus fort de la tempête frappant SVB, tandis que les dépôts liquides des banques américaines “ont chuté de 6% en rythme annuel au cours de la même semaine, soit une ampleur inédite depuis les années 1970”, rapporte Pictet Wealth Management.
La profonde crise des banques est donc loin d’être soldée et la France est en ébullition, gare au contre-choc pour la Guadeloupe et la Martinique !
En effet, les Antilles ne devraient pas être épargnés par les effets délétères de la crise financière. Ainsi donc , toutes ces pertes sur les portefeuilles d’obligations bancaires auront pour conséquence un ralentissement de l’activité de prêt, les banques cherchant à maintenir des réserves de capital élevées et un faible risque pour les nouveaux prêts. La Banque centrale européenne (BCE) a été contrainte d’augmenter les taux d’intérêt pour contenir l’inflation. Cet environnement de taux élevés a eu pour effet de fragiliser le produit net bancaire des établissements bancaires.
Les événements survenus dans le système bancaire au cours des deux dernières semaines sont susceptibles d’entraîner un resserrement des conditions de crédit pour les ménages et les entreprises. Lorsque les banques réduisent considérablement la disponibilité du crédit, on parle de « resserrement du crédit ». Lors d’un resserrement du crédit, les banques durcissent considérablement leurs normes de prêt. Les prêts deviennent beaucoup plus difficiles à obtenir.Les taux d’intérêt augmentent, car les banques demandent plus d’argent pour compenser le risque perçu comme plus élevé d’accorder des prêts dans un contexte de resserrement du crédit. Bien entendu, cela augmente les coûts d’emprunt pour presque tout le monde. Il est donc plus difficile pour les gens d’acheter de l’électroménager, des ordinateurs, des voitures et des maisons… ou pour les entreprises d’embaucher de nouveaux employés ou de se développer.Cela signifie également que nous verrons probablement davantage de faillites dans les secteurs qui dépendent de l’argent facilement disponible et bon marché.( grandes distributions , jardineries, magasins d’habillement , concessionnaires automobiles ,etc… )
Aujourd’hui , les banques resserrent leurs normes de prêt parce que cela leur permet de consolider leurs bilans et de réduire les risques. Mais cela ralentira également l’économie de la Guadeloupe et surtout.de la Martinique, rendant une récession plus que probable dans les deux prochains mois .
Dans ces conditions, ceux qui hommes politiques et chefs d’entreprises sont encore positionnés sur le passé , et qui espèrent que l’avenir leur sourira doivent sérieusement se poser la question de rester ou non prisonniers de la politique de l’autruche. L’expression « faire la politique de l’autruche » est une expression française ancienne bien connue et très courante dans le langage populaire. Elle est utilisée à l’égard d’une personne qui refuse de voir le danger en face et préfère se cacher plutôt que de l’affronter. C’est bien le fait de vouloir ignorer un danger ou simplement la réalité et ne pas s’en soucier…. La crise actuelle menace les entreprises bancaires les plus fragiles et fait trembler l’ensemble du secteur en Bourse. Mais il faut comprendre qu’elles ne seront pas les seules à être impactées par la hausse des taux et la réduction drastique du crédit bancaire , et ce d’autant que…crise bancaire, contestation sociale , inflation, récession, les risques se multiplient en Guadeloupe et en Martinique !

« Apré fèt, sé graté tèt…Annou pwan douvan avan douvan pwan nou ! »

Jean Marie Nol
Economiste et ancien banquier