— Par Florent Grabin, président de l’Association écologique PUMA —
Une énième étape dans l’utilisation du Paraquat et du Chlordécone en Martinique et en Guadeloupe a été franchie le mercredi 18 septembre 2019 à la préfecture de la Martinique. Préalablement, nous avons reçu une invitation à participer à l’audition en présence de quatre autres organisations, après avoir identifié ces dernières, nous avons considéré que, vue l’importance de cette audition, il était hors de question d’être en compagnie de ces interlocuteurs ; à ce moment nous avons motivé notre démarche et obtenu que PUMA soit entendu seul, afin de répondre favorablement à cet incontournable impératif.
En ouverture de séance, le Président Serge LETCHIMY nous a présenté la Commission et ses attentes, puis nous avons été invités à jurer de dire toute la vérité rien que la vérité sur ce que nous savons de l’usage du Paraquat et de la Chlordécone dans notre production agricole.
D’entrée de jeu, nous avons recentré le débat, en précisant
• Qu’il est impératif de traiter l’ensemble des pesticides
• Que les molécules actives n’ont jamais été vendues aux agriculteurs,
• Que le Kepone et le Curlone, sont à base de Chlordécone et le Gramoxon à base de la molécule Paraquat,
Puis nous avons demandé la mise à disposition de la fiche technique de ces produits.
Nous avons indiqué qu’il est scientifiquement inadéquat de travailler sur les effets de ces molécules, sans connaître les adjuvants et autres composants hydrocarbure qui entrent dans la composition de ces produits. A ce préalable, la Vice-Présidente, m’a demandé si j’étais scientifique, du fait de la précision, du discours clair qu’elle entendait pour la première fois, ce à quoi j’ai répondu en précisant que je n’étais pas scientifique et que nous, PUMA, nous faisons accompagner de Scientifiques reconnus mondialement, qui publient régulièrement dans les grandes revues à comité de relecture des publications scientifiques, que nous participons régulièrement aux différents séminaires scientifiques se tenant au niveau national.
Nous avons rappelé qu’au tout début de l’utilisation de ces molécules qui sont des organochlorés, la connaissance scientifique locale était inexistante et que nos deux seuls supports étaient : un fascicule publié par GREENPEACE, dont le titre est ‘’La mort à petite doses, les effets des organochlorés sur l’écosystème aquatique’’, sans oublier, ‘’Le sursis de l’espèce humaine’’, écrit par Gilles-Éric SERALINI, Professeur en biologie moléculaire.
C’est avec Pierre DAVIDAS secrétaire général, Robert RENCIOT, le Président de l’association écologique APPELS et moi-même en qualité de Vice-Président que nous avons parcouru les campagnes pour informer sur le danger de l’usage de ces produits, ce n’est qu’à l’avènement en 1981 des radios libres que la population a eu connaissance de ce problème ; n’ayant pas le relais des médias officiels, nous avons en 2007 organisé en compagnie de Dominique BELPOMME, Professeur en cancérologie et du Député Serge LETCHIMY fraîchement élu, une conférence de presse à l’Assemblée nationale, afin de dénoncer le scandale de la Chlordécone. Pour nous discréditer, ceux que nous entendons dans le concourir à être le premier dénonciateur, accompagnés des services de l’Etat ont mis en place une cabale contre le Professeur BELPOMME, après cette violente attaque, trois plans chlordécone financés par l’Etat ont été mis en place, un quatrième plan est en cours d’élaboration.
Nous avons informé Monsieur le Préfet que nous refusons toute participation à la co-construction de ce plan 4, afin d’éviter d’être caution d’une opération qui ne prend pas en compte l’ensemble des pesticides dans notre production agricole, d’autant qu’il existe un mouvement qui prône le zéro chlordécone, ce qui signifie que les autres sont acceptables dans notre nourriture. Notre exigence a été entendue et nos différents éléments sont pris en compte dans les documents officiels.
Après cet important échange, qui a pour objectif de chercher la vérité afin de comprendre comment éviter toute récidive, le Président de Séance nous a demandé quelles sont nos attentes et nous avons répondu :
– la réforme du texte de loi qui stipule : ‘’quand un produit est reconnu dangereux, le producteur a deux ans pour éliminer le stock après l’interdiction de vente’’ ; nous demandons à nos parlementaires de faire passer un texte indiquant que quand un produit est reconnu dangereux il faut immédiatement le retirer de toute vente.
– la prise en charge de tous citoyens qui ont une pathologie en lien avec les molécules chimiques des pesticides.
– la formation de nos Médecins en médecine environnementale, afin qu’ils puissent suivre les patients dans la détoxification.
– accompagner les agriculteurs qui produisent sur des terres propres dépourvues de tout pesticide.
– développer localement la production de petits pots pour bébés afin de leur permettre de retrouver le goût local.
– doter la Martinique des outils de mesure des pesticides dans l’organisme de la population
– étendre la cartographie et les analyses de la Chlordécone au niveau national et européen du simple fait que cette molécule a été utilisée dans la production du vin, du champagne, de la pomme de terre et bien d’autres productions agricoles.
Ne pas reproduire les erreurs du passé, mettre à disposition les outils pour faire de notre île un pôle d’excellence écologique, Pour Une Martinique Autrement, ce ne sera que justice.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président Florent GRABIN.