Unir les exploité.e.s contre les oppresseurs !

— Le n° 362 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Prix, salaires, services publics, écosystème, droits humains, autodétermination : unir les exploité.e.s contre les oppresseurs !

Au sein des forces populaires comme dans la bouche des Dominants, une petite musique renaît tout le temps et sème une confusion qui sera toujours au bénéfice des gens d’enhaut et toujours au détriment des gens d’enbas. Cette petite musique prône « l’unité martiniquaise », la « revendication martiniquaise », le « tous dans le même bateau » etc.

Oui, nous sommes tous et toutes « dans le même bateau » martiniquais et même planétaire. Oui, mais sur ce bateau, comme notre histoire devrait nous l’enseigner, il y a les gens qui circulent sur le pont supérieur, et puis les gens qui sont enchaînés dans l’entrepont. La question essentielle n’est pas de donner ou pas un titre de « Martiniquais » aux personnes qui déambulent sur le pont, mais d’unir le peuple de l’entrepont pour se soulever et prendre la direction du navire.

Le navire prendra til la route de la liberté ou celle de l’esclavage ? Cela dépend évidemment de la question de savoir qui détient le gouvernail. L’entrepont ne prendra pas le gouvernail sans s’unir dans sa majorité. Pour cela, il doit laisser les questions de religion à leur place, ne pas se focaliser sur la forme des grigris, ne pas cultiver l’orgueil des signes distinctifs et des egos.

L’identité fondamentale provient de la situation : l’entrepont ! Cela n’empêche ni la curiosité empathique sur les origines, les histoires, les cultures, ni la nécessité de débattre sur les stratégies et les tactiques. Cela interdit simplement de confondre l’en-bas et l’enhaut. Être ferme dans la distinction des deux est une condition pour unir l’en-bas dans toute sa diversité.

Il est curieux de voir que l’on peut faire preuve d’eucuménisme quand il s’agit de se draper du titre ronflant « d’unité martiniquaise » (qui suppose l’ouverture aux exploiteurs martiniquais), et en même temps du refus obstiné de celui qui, dans le camp d’enbas, n’a pas la même religion, le même logo ou la même stratégie ! La particularité des temps actuels, est que les problèmes listés dans le titre de cet article sont plus liés les uns aux autres que dans aucune autre époque de l’histoire. La conjoncture peut faire que telle ou telle préoccupation prend le dessus mais aucun problème ne peut être résolu réellement sans prise en compte du problème voisin.

Voilà pourquoi dans l’entrepont, on doit discuter sans arrogance ni esprit d’exclure quiconque. « Marcher séparément, frapper ensemble ». Le dialecticien qui a lancé cette formule célèbre avait bien compris qu’elle ne vaut que si les deux termes sont étroitement liés !

On peut en dire autant de deux autres notions : unité des masses/lutte contre les Dominants.

La scop Hotel Batelière verra-t-elle ke jour ?

 

Un sursaut s’est produit au sein du personnel de lhôtel Batelière. Fatiguée de voir comment son sort est décidé depuis des décennies par des propriétaires et des dirigeants pour qui le maître mot est le profit à courte vue, sans grand souci ni de la situation du personnel (dont la grande majorité se trouve dans la précarité), ni même de l’état de l’outil de travail, laissé à l’abandon, fatiguée d’être traînée d’un administrateur judiciaire à un autre, d’un redressement à une menace de liquidation, une partie significative du personnel a décidé, avec l’appui résolu de la CDMT, de se constituer en SCOP et de postuler à la reprise de l’activité.

Certes, les actuels maîtres des lieux, responsables du désastre d’aujourd’hui, veulent garder la main. D’autres repreneurs potentiels sont à l’affût. Et la décision dépend d’un tribunal qui n’est pas spécialement connu pour son parti pris en faveur des solutions novatrices et populaires. Rien n’est donc gagné. Mais le vent de sympathie qui s’est levé dans la population après la conférence de presse des salariés pour expliquer leur projet est réconfortant. Les instances politiques sont saisies. Un investisseur crédible s’est manifesté et en contacte d’autres. Les délais sont très courts mais une dynamique est lancée. Elle a droit au soutien actif du plus grand nombre.

 

La France en zone de turbulence

Alors qu’à l’extérieur, la place et le rôle de la France sont sérieusement atteints, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie-Pacifique notamment, à l’intérieur la crise de régime s’étale. L’agitation olympique de Macron n’arrive à cacher ni son impasse politique, ni la crise sociale, ni les craquements institutionnels. L’ombre du Lepénisme plane et le sursaut in extremis de la gauche ne lui a pas permis de rassembler derrière elle plus du tiers de l’électorat.

Malgré l’arrivée du NFP en tête dans les législatives, Macron installe un premier ministre issu du parti arrivé en dernier, mais ayant reçu l’aval de l’extrêmedroite fascisante de Le Pen-Bardella. Ce nouvel attelage est un pied de nez au « front républicain » mis en place sous l’impulsion de la gauche pour barrer la route à l’extrême droite. L’instabilité politique est garantie. La principale inconnue reste le sort du sursaut électoral de la gauche sous l’aiguillon de forces du mouvement social impliquées plus qu’à l’ordinaire dans les enjeux électoraux.

Que l’on en ait conscience ou pas, les peuples colonisés que nous sommes risquent bien d’être les premières victimes de la situation française. La Kanaky occupe la première place dans les cibles de l’extrémisme fascisant, mais il est clair que nous ne sommes pas loin. Le sort tragique de la Palestine génocidée, les horreurs que vivent le Congo oriental, l’Ukraine ou Haïti, montrent hélas ce qu’il en coûte de remiser la solidarité internationaliste au rang de simple objet de discours de congrès.

Dans l’atmosphère d’accélération de l’Histoire que nous vivons, il est une nouvelle fois frappant de voir à quel point urgence martiniquaise, urgence française, urgence mondiale, sont concomitantes.

Il n’est pas l’heure de baisser les bras ni de sombrer dans la neurastnie. Jetons un regard lucide sur nous et sur le monde, mettons les futilités politiciennes et la fièvre des egos sous nos pieds, regroupons toutes les forces de l’émancipation humaine et faisons face.