— Par Roland Sabra —
Tout a commencé par un hommage, un peu convenu et sans beaucoup de contenu, rendu à Marie-Hélène Nattes, fondatrice épaulée par Ronne Aul, du Centre Martiniquais de Danse ( CMD), aujourd’hui disparu, remplacé par une petite multitude d’école privées, que s’est ouverte la Biennale. Il faut espérer que le souhait de Christiane Emmanuel d’un livre sur le parcours de celle qu’elle appelle « Titine », se réalise au plus tôt avant que les mémoires ne s’effacent.
Puis une bande de jeunes du Lycée Acajou, s’est emparée, sans avoir été programmée, de la scène comme les artistes en devenir que certains d’entre eux, au vu de leur prestation sont certainement. Avec une belle occupation du plateau, de belles diagonales, quelques bousculades, des kilos de trac et une tonne d’audace propre à cet âge où on ne doute de rien ils se sont attachés à montrer ce qu’il en était d’être « accros » à l’(insu) portable. Visiblement ils en savent quelque chose de ce vivre ensemble dans l’isolement et la solitude fascinée d’une communication sans échange.
A la suite de cette exubérance encadrée autant que se peut « L’Homococotier » de Paascal Miche Séraline a semblé un plutôt aplati. La performance s’articule autour d’un long, sans doute trop long, travail au sol au cours duquel mouvement des bras et des jambes figurent les racines de l’arbre en devenir et qui peine à prendre de la hauteur.
« Mon corps,,, Ma Maison » de Robert Régina évoque les multiples attributions identitaires parcellaires dont le corps peut se trouver affublés. Des étiquettes, composées pour la plupart d’entre elles d’adjectifs qualificatifs que les danseuses arrachent à des statues géantes, archétypes des temps modernes, posées en fond scène et dont elle vont s’affubler, se définissant ainsi par les mots qu’elles portent. Leur émancipation (?) consitera à se défaire de ces « préjugés ». Le simplisme de l’argument est un peu confondant mais entre en contradiction avec les conditions de sa réalisation sur scène. Beaucoup d’à-peu-près, d’imprécisions et d’incertitudes dans les mouvements et les placements. Peut mieux faire.
La soirée a été sauvée par Zion B-Boyz », bien connu en Martinique . Les 3/5ème du groupe était là sur scène pour une balade du coté du hip-hop, de la breakdance dans un style afro-caribéen affirmé avec talent en tenant compte de leur morphologie, aérienne et légère pour deux d’entre eux, massive et puissante pour le troisième. Ils évoluent sur le plateau avec de solides acquis qui résultent d’une pratique de troupe de plusieurs années. Ils sont à la charnière de la distinction, que rappelait C. Emmanuel entre Jeunes Chorégraphes et Chorégraphes. Non pas par leur âge mais par leur talent! Et pas pour longtemps!