Le 43ème Festival culturel de Fort-de-France est donc lancé. Samedi soir la belle performance de Geneviève de Kermabon dans « Sous ma peau le manège du désir » ( Lire le compte-rendu de Selim Lander) a été suivie d’une sorte de happening avec une exposition de body-painting qui présentait les corps peints de huit jeunes filles montées sur des podiums lumineux et qui ont fortement impressionné les spectateurs déjà pas mal secoués par le spectacle précédent. Comme le fait remarquer Selim Lander, l’exposition de corps nus, présentés non seulement comme des supports d’œuvres d’art, mais comme étant eux-mêmes des œuvres d’art participe d’un saisissement auquel les artistes exposées n’étaient pas étrangères comme en témoignent les émotions tremblées des modèles que la douce température de la nuit foyalaise ne pouvaient suffire à expliquer. La grâce tenait aussi à l’opposition entre la longue durée du temps de conception, de préparation et de réalisation des œuvres, plus de six heures rien que pour le maquillage, et la brièveté de l’exposition, dix à quinze minutes tout au plus⋅ Gloire et célébration de l’éphémère qui par ailleurs renvoyait la mode du tatouage au dérisoire de sa vulgarité native. Juste une remarque : l’absence d’homme dans cette exposition. Cette partie du genre humain, en Martinique tout au moins, aurait-elle des fragilités, des pudeurs, des inhibitions voire des refoulements qui lui interdiraient de s’exposer? 😉
Le carnaval des arts s’est conclu avec « La promenade des flamands roses de la Cie Remue-Ménage », remarquable réalisation technique, d’une grande beauté visuelle⋅
Cette ouverture réussie, reposait donc en partie sur des performances venues de l’hexagone. Si on ne peut que se féliciter de cette ouverture à des produits culturels de qualité, dont il ne saurait être question de priver nos concitoyens il reste à s’assurer que les modalités de transmission à nos jeunes artistes de ces savoir-faire sont bien en place. La promenade des flamands roses par exemple nous rappelait qu’il n’y a pas si longtemps, lors du carnaval 2007, une marionnette géante, « Le chien fè » de Joby Bernabé avait laissé entrevoir une possible appropriation de cette technique et sa mise au service d’une valorisation renouvelée de notre patrimoine culturel. Qu’en est-il devenu ? De même, le concert d’Akiyo, la sono tonitruante en moins, ne pouvait-il pas être mis en parallèle, en regard du travail de « Tanbou bò kannal », ces deux groupes ayant plus d’un point commun, notamment en ce qui concerne l’implication dans les quartiers populaires? Une rencontre, un échange aurait été passionnant à suivre et enrichissant pour tous.
le 06/07/2014,
F-de-F
R.S.