Une publication de deux scientifiques français montre que ce pesticide qui contamine les Antilles augmente le risque de récidive de cancer de la prostate.
— Par Stéphane Mandard —
« Il ne faut pas dire que c’est cancérigène. Il est établi que ce produit n’est pas bon, il y a des prévalences qui ont été reconnues scientifiquement, mais il ne faut pas aller jusqu’à dire que c’est cancérigène parce qu’on dit quelque chose qui n’est pas vrai et qu’on alimente les peurs. » Cette intervention d’Emmanuel Macron à propos du chlordécone avait fait bondir des élus d’outre-mer réunis le 1er février à l’Élysée dans le cadre du grand débat national.
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Une nouvelle étude publiée jeudi 21 mars dans la revue médicale International Journal of cancer confirme pourtant bien le potentiel cancérogène du chlordécone. Son originalité réside dans le fait qu’elle démontre pour la première fois que l’exposition à l’insecticide augmente, de façon considérable (jusqu’à trois fois), le risque de récidive de cancer de la prostate. Les travaux ont été conduits par Luc Multigner, chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale, et Pascal Blanchet, chef du service urologie au CHU de la Guadeloupe.
Accumulation des preuves scientifiques
Utilisé massivement jusqu’en 1993 dans les bananeraies aux Antilles pour lutter contre le charançon, ce pesticide ultratoxique est classé « cancérogène possible » depuis 1979 par l’Organisation mondiale de la santé. Mais quarante ans après, le gouvernement français a toujours autant de mal à reconnaître sa dangerosité malgré l’accumulation des preuves scientifiques.
La Martinique détient le triste record du monde de cancers de la prostate.
En 2010, les mêmes auteurs avaient déjà publié une étude remarquée dans la principale revue internationale de cancérologie, Journal of Clinical Oncology, établissant un lien entre le chlordécone et la survenue du cancer de la prostate. Avec près de 230 nouveaux cas pour 100 000 hommes chaque année, la Martinique détient le triste record du monde de cancers de la prostate. Il est ainsi deux fois plus fréquent (et plus sévère) en Martinique et en Guadeloupe qu’en métropole, avec plus de 500 nouveaux cas par an sur chaque île…
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