—Par Gary Klang —
Après le règne en montagne russe du président Blondinet, l’Américanistan le remplaça par John Fitz-Ken, un vendeur de cacahuètes, qui annonça clairement sa politique :
Mes Chers Compatriotes,
J’ai honte chaque fois que je pense à la scène de la fiole à l’ONU où un général indigne sacrifia son honneur pour une guerre absurde qui fit plus d’un million de morts en une nuit à Bagdad. J’ai honte chaque fois que je pense à tous nos mensonges et à nos coups fourrés, au point que parfois je passe des nuits entières sans fermer l’œil.
Mais les choses vont changer et la violence ne servira qu’en cas de légitime défense.
Le monde entier nous hait. Mais comment en serait-il autrement, alors que nous ne cessons de mal agir? Serions-nous le préfet de discipline d’une école appelée monde ? Jamais un geste venant du cœur! Nous ne connaissons que nos intérêts et pensons stupidement qu’un pays ne peut pas avoir d’amis. Mais pourquoi donc n’aurions-nous pas d’amis ?
Nos présidents, républicains ou démocrates, n’hésitent pas à fomenter des coups d’État et à assassiner les opposants politiques qui leur déplaisent. Ils ont tenté de tuer Fidel Castro plus de 500 fois, par les moyens les plus abracadabrantesques, parce qu’il chassa de son île les exploiteurs, ferma les casinos de la mafia et vint en aide aux plus déshérités en leur fournissant l’éducation et les soins gratuits. Nous l’avons pour cela diabolisé, tout en soutenant les pires ordures comme Duvalier, Somoza ou Trujillo. Et pour le punir encore plus, nous nous acharnons contre son peuple en maintenant un embargo criminel depuis plus de 60 ans et en gardant Guantanamo, une zone de non-droit sur le sol même de l’île, où nous pouvons torturer à loisir sans jamais rendre de comptes.
Ainsi, par notre volonté morbide d’annihiler tous les gouvernements de gauche, nous avons vidé de leur contenu les mots liberté, démocratie, égalité. Quant à la fraternité, elle n’a aucun sens à nos yeux. Nous nous gavons pourtant du terme free speech, alors qu’en réalité je défie quiconque de tenir certains propos dans notre pays, sous peine d’être démoli socialement ou physiquement. Allez donc parler de révolution, de Fidel ou du Che à Miami, par exemple.
Qui donc est vraiment libre en Américanistan ? Que signifie pour nous la liberté ?
Plus rien, sinon le droit d’exploiter les plus faibles, de permettre à certains de posséder des milliards, alors que d’autres dorment à même les rues dans les bas-fonds de nos grandes cités, à la merci des assassins qui y pullulent.
Gandhi, Tolstoï, Martin Luther King et Nelson Mandela me servent d’exemples. Notre comportement barbare est la cause de la haine que nous suscitons partout dans le monde, car enfin, comment définir autrement la destruction de l’Irak, le gaz orange au Vietnam, l’assassinat d’Allende et le soutien apporté aux pires tyrans de la terre ?
J’ai décidé de mettre fin au mal que nous commettons et aux petits calculs sordides ! La paix est possible et ne dépend que de nous. Faisons savoir à l’ensemble des nations qu’il y a autre chose sur terre que les armes et la guerre, les tueurs en série, le deuxième amendement, la CIA, la NRA, le ressentiment, la haine et la violence dans lesquels nous baignons.
Tout cela prend fin à partir d’aujourd’hui.
Un mois plus tard, John Fitz-Ken recevait une balle dans l’oreille droite pour le remercier de ses bonnes intentions.
GARY KLANG