Légère hausse de la mortalité infantile en France depuis 2011

Une mortalité infantile deux fois plus élevée dans les DROM que dans l’hexagone

En 2024, le taux de mortalité infantile en France s’élève à 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes, soit environ 2 700 enfants morts avant leur premier anniversaire. Cela signifie qu’en moyenne, un enfant sur 250 décède au cours de sa première année de vie. Un quart de ces décès survient le jour même de la naissance, la moitié entre 1 et 27 jours, et le dernier quart entre 28 jours et un an (période post-néonatale).

Entre 1993 et 1995, la mortalité infantile avait fortement chuté (-25 %), notamment grâce à la baisse de la mortalité post-néonatale (-41 %), sous l’effet des campagnes de prévention contre la mort subite du nourrisson (couchage sur le dos, lit dégagé, etc.). De 1995 à 2011, cette baisse s’est poursuivie, mais de façon plus modérée.

Depuis 2011, on observe une légère remontée du taux, passé de 3,5 ‰ à 4,1 ‰ en 2024. Cette hausse est due principalement à une augmentation des décès survenant entre 1 et 27 jours (de 1,5 ‰ à 2,0 ‰), tandis que la mortalité le jour de la naissance et après 28 jours reste stable.

Une position défavorable en Europe

Depuis 2015, le taux français dépasse la moyenne européenne. En 2023, il atteignait 4,0 ‰ en France, contre 3,3 ‰ dans l’Union européenne. Toutefois, les comparaisons internationales doivent être interprétées avec prudence, en raison des différences dans les pratiques de déclaration des décès précoces.

Des facteurs multiples influencent la mortalité infantile

Évolution des naissances et progrès médicaux

Les progrès médicaux permettent aujourd’hui à certains enfants, autrefois mort-nés, de vivre quelques heures ou jours. Cela a pu légèrement augmenter la mortalité infantile enregistrée. Parallèlement, le taux de mortinatalité spontanée a légèrement diminué entre 2012 et 2023, tout comme le nombre d’interruptions médicales de grossesse, ce qui peut expliquer une partie de l’augmentation observée.

Différences selon le sexe et les naissances multiples

Les garçons sont plus touchés : entre 2004 et 2022, 4,1 ‰ d’entre eux sont décédés avant un an, contre 3,4 ‰ pour les filles, soit une surmortalité masculine de 21 %. Ils présentent plus de complications à la naissance, un système immunitaire moins robuste, et sont davantage exposés aux maladies génétiques.

Une situation préoccupante dans les territoires d’Outre-mer

La mortalité infantile est deux fois plus élevée dans les DOM qu’en métropole : 8,0 ‰ contre 3,5 ‰. La Guyane (9,7 ‰) et Mayotte (9,2 ‰) présentent les taux les plus élevés. Cette situation s’explique notamment par :

  • une pauvreté plus répandue,
  • une obésité maternelle plus fréquente (22 à 25 % des femmes enceintes en 2021),
  • un poids de naissance plus faible,
  • des pratiques de couchage à risque (co-dodo fréquent, non recommandé par la HAS).

Inégalités selon le pays de naissance de la mère

De 2004 à 2022, les enfants de mères nées en Afrique subsaharienne (7,5 ‰) ou au Maghreb (4,6 ‰) présentent un risque de mortalité bien supérieur à ceux dont les mères sont nées en France (3,4 ‰). Même à caractéristiques égales, ces écarts persistent. Ces femmes sont plus souvent en situation de précarité et connaissent un suivi de grossesse plus irrégulier : par exemple, 35 % des femmes originaires d’Afrique subsaharienne débutent leur suivi après 14 semaines, contre 17 % pour les femmes nées en France.

Sabrina Solar

Voir l’étude de l’INSEE