Vendredi 30 octobre 2020, à 19 heures, Terre d’Arts vous invite au Domaine de Tivoli, pour une présentation en plein air du travail dirigé par Hervé Deluge, sur le texte de l’écrivaine Gaël Octavia, Cette guerre que nous n’avons pas faite. L’entrée y sera gratuite, avec masque obligatoire.
Au Parc de Tivoli, à Fort de France, le Collectif Terre d’Arts organise divers ateliers de pratique artistique. Son objet : « Fédérer et promouvoir les activités artistiques de ses membres, réunis au sein d’un collectif d’associations culturelles existantes et d’artistes indépendants, chacun pouvant agir de façon autonome ou collectivement, en fonction des accords pris en amont et des objectifs à atteindre (…) Organiser des évènements et des manifestations artistiques et culturelles, mettant en avant l’art, sous toutes ses formes, la danse, les arts plastiques, l’audio-visuel, le cinéma, l’écriture, la musique, le théâtre, etc ; créer des actions de médiation culturelle par la mise en place et la gestion d’ateliers d’initiation et de découverte artistique dans les domaines listés ci-dessus, mais aussi d’ateliers professionnels réservés aux artistes confirmés… »
Gaël Octavia
– Extraits de la biographie : Née le 29 décembre 1977 à Fort-de-France, elle vit et travaille actuellement à Paris. Scientifique de formation, « touche-à-tout » autodidacte, ses champs d’exploration sont l’écriture, la peinture, la vidéo. Ses pièces de théâtre, lues ou créées en France, aux États-Unis et dans la Caraïbe, sont marquées par la société martiniquaise dans laquelle elle a grandi, tout en questionnant des thématiques universelles telles que les migrants, l’exclusion sociale, l’identité, la condition féminine… Gaël Octavia est membre d’ETC-Caraïbe et des EAT. (Compléments sur une œuvre multiformes : Site internet : www.gaeloctavia.com).
– Œuvres principales
♦ Théâtre
Cette guerre que nous n’avons pas faite, Lansman Editeur, 2014. Prix du meilleur texte francophone du concours ETC Caraïbes/Beaumarchais 2013. Création en 2016 (prod. Makeda du Bhoot) par Luc Clémentin avec Vincent Vermignon ; résidence de création à Lilas en Scène en 2016 ; tournée 2017 à Tropiques-Atrium (scène nationale de Martinique) et l’Artchipel (scène nationale de Guadeloupe).
Congre et homard, Lansman Editeur, 2012. Création en 2011 (prod. Textes en Paroles) par Dominik Bernard, avec Dominik Bernard et Joël Jernidier ; Festival d’Avignon OFF 2011 (T.O.M.A, Chapelle du Verbe Incarné) ; tournée en 2011-2012 en Guadeloupe, Martinique, Haïti, Guyane.
Le voyage, éd. Rivarticollection, 2009 ; réédition numérique Textes en Paroles, 2014. Création en juin 2013 par Magali Piatti au Tremplin Théâtre (Paris).
Séraphin, péri en mer (pièce radiophonique), créée sur Guadeloupe Première en 2012
♦ Romans
La fin de Mame Baby ( Gallimard, 2017) : Le Prix Wepler 2017 a été décerné le 13 novembre. La fin de Mame Baby obtient la mention spéciale du jury, tandis que le prix couronne Les fils conducteurs de Guillaume Poix.
La bonne histoire de Madeleine Démétrius ( Gallimard, 1 / 10 / 2020)
♦ Dessins : visibles sur Instagram
Nota Bene : Gaël Octavia avertit, sur sa page Facebook : « Je précise que je n’y serai pas en personne. Mais les mots du Guerrier sont là pour dire l’essentiel. »
Hervé Deluge :
Acteur et metteur en scène de renom, il travaille à la Martinique où nous avons pu voir, ces dernières années, ses créations les plus récentes :
♦ 2019 : L’esclave vieil homme et le molosse
♦ 2018 : Manmzèl Julie – Dézagréman( pièce en créole de G.E Mauvois)
♦ 2016, 2018 pour la reprise : 1848 : Romyo et Julie
Présentation du texte Cette guerre que nous n’avons pas faite, sur le site Théâtre Contemporain
« De retour après une longue absence, le Guerrier s’adresse à sa mère. Il raconte ce jour où il est parti à la guerre, s’arrachant à son confort bourgeois aliénant, pour « devenir un homme ». Il raconte le bistrot où il s’est échoué dans un accès de découragement et sa rencontre avec ceux qui devaient devenir ses compagnons d’armes. Et aussi cet homme pas comme les autres, ce mystérieux pacifiste qui se dressait sur leur route, fermement décidé à les empêcher de combattre. Entre deux piques contre sa mère, coupable de soumission et de compromission avec les puissants, le Guerrier explique, finalement, pourquoi il n’a jamais fait la guerre. »
Extraits de quelques critiques parues lors de la présentation de la pièce, en 2017, sur la scène de Tropiques-Atrium à Fort-de-France
– Roland Sabra : … Superbe texte… La mise en scène de Luc Clémentin le magnifie en usant de la palette des oppositions propres au récit, celle entre autres d’un guerrier pacifiste n’ayant jamais combattu sauvé de la mort par un pacifiste véritable criminel de guerre (…). Présence/Absence. Il, lui le fils, arrive dans l’éclat d’une rafale de mitraillette, dépenaillé, vêtu de bric et de broc, de vêtements militaires déchirés, boutonnés en menteur, sales. Les invités étaient nombreux. Il est seul (…) Homme/enfant il s’adresse à une femme/mère. Fils de… Il l’est et le sera pour toujours enfermé dans une demande infinie de reconnaissance. Comment contenter sa mère ? « Quoi tu vas encore bouder ? Tu n’es jamais contente. Je ne te plaisais pas en guerrier, Je ne te plais pas en pacifiste », lui lance-t-il.
– Selim Lander : … Gaël Octavia a passé toute sa jeunesse en Martinique (…) Cette guerre que nous n’avons pas faite se rattache par trop de références aux Antilles françaises pour que le public de l’Atrium ne se reconnaisse pas dans la figure du matamore imaginée par Gaël Octavia. Le sujet de la pièce ne peut que parler, en effet, à un peuple qui a (eu) des velléités d’indépendance et qui manifestait il n’y a pas si longtemps le désir de devenir maître chez lui (« Péyi la sé ta nou »). Car c’est très précisément de cela qu’il s’agit dans Cette guerre… Cela étant, il serait absurde de réduire la pièce à la situation des Antilles françaises. Pris au pied de la lettre, le texte ne dit pas où l’on se situe et, de fait, sa portée est universelle. Qui n’a pas au fond de lui une révolte rentrée ?
– Janine Bailly : … Déjà ce pronom « nous » intrigue, inscrit au cœur du titre, en place du « je » qui aurait pu être attendu en corrélation avec la présence sur scène d’un seul acteur, investi de ce long monologue qu’est le texte. Ce « nous » à charge appellative, que ou qui entend-t-il désigner ? « Nous », serait-ce l’ensemble des soldats d’une armée démissionnaire, serait-ce tout un peuple renâclant devant un combat à définir, nécessaire ou pas, serait-ce vous et moi, puisqu’aussi bien l’acteur, de son regard depuis l’avant-scène, ou délaissant le plateau pour descendre dans la salle, viendra nous interpeller sans ambages ? (…) Puis il y a ce personnage protéiforme (…) qui se montre prompt à revêtir l’âme et le costume de cent hommes divers et contradictoires. Vincent Vermignon, visage mobile, regard traversé de sentiments, corps en alerte et qui se plie à chaque situation, excelle à rendre compte de ce que sont ses semblables, dans le quotidien des jours comme dans l’exceptionnel de situations particulières.
Fort-de-France, le 22 octobre 2020