Le Conseil de sécurité de l’ONU a finalement donné son feu vert pour le déploiement d’une force internationale en Haïti, dirigée par le Kenya, afin de venir en aide à la police haïtienne, qui est dépassée par la violence des gangs. Cette décision a été prise après des mois de délibérations et de difficultés à trouver un pays prêt à prendre la tête de cette mission non onusienne.
La résolution adoptée par le Conseil de sécurité a été soutenue par 13 voix pour, avec deux abstentions (Chine et Russie). Elle prévoit la création d’une « mission multinationale de soutien à la sécurité » en Haïti, initialement pour une période de douze mois, avec une réévaluation au bout de neuf mois. Cette mission vise principalement à fournir un soutien opérationnel à la police haïtienne, qui est actuellement confrontée à une situation de plus en plus difficile en raison de la montée en puissance des gangs.
L’objectif principal de cette mission est d’aider la police haïtienne à lutter contre les gangs, ainsi que de sécuriser des infrastructures essentielles telles que les écoles, les ports, les hôpitaux et l’aéroport. La sécurité en Haïti doit être suffisamment améliorée pour permettre l’organisation d’élections, car aucun scrutin n’a eu lieu dans le pays depuis 2016.
La résolution précise que la mission pourra prendre des mesures d’urgence temporaires et proportionnées, y compris des arrestations, en coopération avec les autorités haïtiennes, dans le respect du droit international, dans le but d’empêcher des pertes de vies. Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, a souligné la gravité de la situation en Haïti, avec une crise économique, politique et sécuritaire qui ne cesse de s’aggraver, des gangs de plus en plus puissants, et près de 2 800 meurtres dénombrés entre octobre 2022 et juin 2023.
La résolution s’attaque également à la question du trafic d’armes, principalement en provenance des États-Unis via la diaspora haïtienne, en étendant l’embargo sur les armes légères et les munitions à destination d’Haïti. Cette mesure a été prise sous la pression de la Chine, qui dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité. Les États-Unis ont également promis de fournir un soutien logistique et financier à la nouvelle mission, mais ils n’enverront pas de forces de sécurité sur le terrain.
La composition exacte de la mission, ainsi que le calendrier de déploiement et le nombre de personnel, seront élaborés ultérieurement en coopération avec le gouvernement haïtien. Cependant, on estime que la mission pourrait compter jusqu’à 2 000 membres des forces de l’ordre, bien que peu de détails précis soient disponibles à ce stade.
La résolution salue l’intérêt de plusieurs pays pour leur participation à la mission, mais à ce jour, seuls quelques-uns sont connus, notamment la Jamaïque, les Bahamas et Antigua-et-Barbuda.
Enfin, la résolution appelle la future mission à prendre des mesures pour prévenir la propagation de maladies, probablement en réponse au mauvais souvenir laissé par la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) de 2004 à 2017, qui avait introduit le choléra en Haïti, provoquant une épidémie ayant fait plus de 10 000 morts. C’est en partie en raison de cet épisode que la future force ne sera pas déployée sous le drapeau de l’ONU.
M’A d »après dépache agence de presse