— Par Mathilde Seifert avec AFP —
Au travail, les femmes lesbiennes hésitent à faire leur coming out.
Si le sexisme au bureau est loin d’être éradiqué, l’orientation sexuelle constitue également une discrimination supplémentaire. Au point que les femmes lesbiennes gardent souvent le silence sur leur vie de couple.
Elles évoquent «une double peine» : au travail, les femmes lesbiennes hésitent à faire leur coming out. Quel que soit le secteur professionnel dans lequel elles évoluent, ou leur position dans la hiérarchie, elles craignent les remarques déplacées, l’incompréhension ou tout simplement les discriminations. «Ça passe par une petite remarque ou un regard. Ça semble peu, mais c’est une petite pierre qui s’ajoute dans mon “sac à dos”», confie à l’AFP Aurore Foursy, 39 ans, cadre dans une entreprise agroalimentaire. «C’est un peu la double peine. Si en plus du sexisme, on vit avec une femme, on est davantage marginalisées».
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Si 80 % des lesbiennes disent avoir confié être homosexuelles à une poignée de collègues, elles sont moins d’un tiers à l’avoir évoqué devant leurs supérieurs hiérarchiques, selon les résultats d’une enquête Ifop réalisée auprès de 1400 personnes pour l’association L’Autre cercle, qui lutte contre les discriminations au travail des personnes LGBT. Parmi celles qui n’ont jamais parlé, au bureau, de leur vie de couple avec une femme, quatre sur dix disent avoir «inventé» une vie hétérosexuelle pour les conversations entre collègues, en changeant par exemple le prénom de leur compagne par un prénom masculin.
Aurore Foursy, elle, «essaie d’en parler dès le début» d’un nouveau poste. Afin de «ne pas être coincée» car «c’est dur de s’en sortir ensuite». Plus de la moitié des lesbiennes qui n’ont pas caché leur homosexualité déclarent, selon l’enquête pour L’Autre cercle, avoir été victime d’au moins une forme de discrimination ou d’agression en raison de leur orientation sexuelle. Une proportion plus élevée dans des secteurs traditionnellement masculins, comme les transports ou l’industrie. L’autocensure, les efforts pour se cacher et/ou la crainte des discriminations pèsent sur le moral et la santé des lesbiennes, qu’elles aient ou pas fait leur coming out dans leur vie professionnelle, relève l’association.
Et cela n’aide pas les lesbiennes «invisibles» à évoquer leur vie de couple ou de famille au bureau, comme c’est souvent l’usage pour leurs collègues hétéros. Beaucoup aimeraient pourtant en parler, mais n’osent pas par peur des conséquences. «La hiérarchie et les différenciations de genre restent fortes. Ce n’est pas facile de dire tout haut qu’on est lesbienne dans un environnement professionnel» déclare Anaïs, 26 ans, qui ne souhaite pas donner son nom de famille. «On reproduit les schémas, les clichés autour de la norme hétéro, sans se remettre en question», regrette cette salariée d’une grosse entreprise publique.
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