Un homme a été décapité en fin d’après-midi ce vendredi 16 octobre à Conflans Saint-Honorine (Yvelines). Et son agresseur présumé, blessé gravement par balle par la police dans la ville voisine d’Eragny (Val-d’Oise), est mort. Le parquet antiterroriste a été saisi pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Cette attaque survient trois semaines après celle devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, en plein procès des attaques de janvier 2015, qui avaient décimé la rédaction de l’hebdomadaire satirique.
Selon l’AFP, « l’agresseur du professeur d’histoire décapité vendredi à Conflans-Saint-Honorine près d’un collège a crié « Allah Akbar » avant d’être tué par les forces de l’ordre, a-t-on appris de source proche de l’enquête ». « L’enseignant avait montré récemment à ses élèves des caricatures de Mahomet lors d’un cours sur la liberté d’expression, selon une source policière », ajoute l’AFP. « Mais aucune source ne nous confirme avec certitude s’il a été visé pour cette raison », précise cependant FranceInfo. Selon un autre témoignage de parent d’élève, l’enseignant aurait demandé aux élèves de confession musulmane de sortir de la classe, pour ne pas les provoquer.
Inconnu des services de renseignement
Les enquêteurs s’intéressent à un message posté sur Twitter par un compte désormais fermé et qui montre notamment une photo de la tête de la victime. Ils cherchent à savoir si elle a été postée par l’agresseur ou une autre personne. Sous cette photo, un message menace Emmanuel Macron, « le dirigeant des infidèles », et son auteur assure vouloir venger celui « qui a osé rabaisser Muhammad ». Les faits se sont déroulés vers 17H00, près du collège du Bois d’Aulne de Conflans Sainte-Honorine. Les policiers de la brigade anticriminalité (BAC) de la ville ont été appelés pour un individu suspect rôdant autour d’un établissement scolaire, selon une source policière.
Ils ont découvert la victime et, 200 mètres plus loin à Eragny, ont tenté d’interpeller un homme armé d’un couteau qui les menaçait et ont fait feu sur lui. Ce dernier est mort de ses blessures. Le suspect est un jeune homme de 18 ans, né à Moscou en 2002, et inconnu des services de renseignement assure Franceinfo citant des « sources proches du dossier ».
Emmanuel Macron s’est rendu sur place à Conflans-Sainte-Honorine avec le Premier ministre Jean Castex et le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Le chef de l’État est passé auparavant par la cellule de crise mise en place au ministère de l’Intérieur. Gérald Darmanin rentre lui précipitamment à Paris d’un déplacement au Maroc. Emmanuel Macron s’est exprimé avec gravité sur place, évoquant « un attentat terroriste islamiste », et appelant « à faire bloc, car nous sommes des citoyens unis par les mêmes valeurs, une histoire, un destin (…) Ils ne passeront pas ».
« La République doit se tenir unie et ferme »
« C’est la République qui est attaquée » avec « l’assassinat ignoble de l’un de ses serviteurs », a réagi Jean-Michel Blanquer, sur Twitter. « Notre unité et notre fermeté sont les seules réponses face à la monstruosité du terrorisme islamiste. Nous ferons face », a ajouté le ministre.
Les députés se sont levés à l’Assemblée nationale pour « saluer la mémoire » de l’enseignant décapité. Le président de séance Hugues Renson (LREM) a pris la parole juste avant l’interruption des débats à 20 heures : « Nous avons appris avec effroi l’abominable attentat qui s’est produit. Au nom de la représentation nationale, en notre nom à tous, je tiens à saluer la mémoire de la victime. » Fabien Roussel, le secrétaire National du PCF a notamment déclaré : « En ces moments tragiques, la République doit se tenir unie et ferme dans l’affirmation de ses valeurs. Tous ensemble, unis dans le respect de notre diversité, continuons de faire vivre la richesse de notre République laïque, défendons notre liberté d’expression et ne cédons pas un pouce aux fanatiques et à tous ceux qui chercheront à imposer la haine et à diviser notre peuple« .
Sur Twitter, l’équipe de Charlie Hebdo a fait part de « son sentiment d’horreur et de révolte après qu’un enseignant dans l’exercice de son métier a été assassiné par un fanatique religieux. Nous exprimons notre plus vif soutien à sa famille, à ses proches ainsi qu’à tous les enseignants », a écrit le journal satirique, près de trois semaines après l’attentat survenu près des anciens locaux du journal satirique.
Source : L’Humanité.fr