— par Janine Bailly —
Le Papillon Bleu, c’est la belle enseigne d’une librairie indépendante, sise au Rond-Point du Viet Nam Héroïque, et qui s’est ouverte à Fort-de-France en février 2016. Un espace accueillant, lumineux et chaleureux, tant par sa disposition et son aménagement que par la compétence doublée de gentillesse dont font preuve Anne et Maral.
La répartition intelligente des ouvrages, en « coins » dédiés, l’un à la littérature générale, l’autre aux publications pour la jeunesse, un troisième à la bande dessinée, un autre encore aux beaux ouvrages… permet de s’orienter vers ce que l’on était venu chercher, autant que de découvrir tout en flânant à sa guise dans les allées, ce à quoi l’on n’aurait pas pensé. Ici, des rayonnages, mais aussi des tables et autres supports, bien disposés pour attirer l’œil et l’attention, pour mettre en valeur les nouveautés et les livres « coup de cœur » de nos deux libraires, épinglés d’une petite fiche compte-rendu de lecture. Ici, la porte franchie, et si tu aimes les livres, leur présence à la fois légère et compacte, leur odeur de neuf et les mystères qu’ils enferment jalousement sous leur couverture, si tu as loisir de faire une pause dans ta journée effrénée, vite tu oublies le monde extérieur, la circulation délirante de la ville, le soleil qui par trop te brûle ou la pluie qui gronde à tes carreaux : pour quelques instants te voilà entré(e) au cœur du calme, et le temps en est comme suspendu.
Et quelle jolie trouvaille que ce titre de « Papillon Bleu », spontanément élu par les filles d’Anne lorsqu’il s’est agi de baptiser la librairie naissante ! Lire, comme déplier ses ailes, comme prendre son envol vers d’autres histoires, d’autres vies, d’autres lieux. Lire pour sortir de sa chrysalide, s’ouvrir au monde et à l’autre en tournant amoureusement les pages. Lire aussi pour se distraire et se réjouir le cœur, comme le papillon qui va, insouciant, de fleur en fleur, et se pose puis repart vers de nouvelles aventures !
Mais Le Papillon Bleu, en ce mois de septembre, a décidé de nous offrir plus encore. Ce jeudi, nous fûmes quelques-unes, — eh oui, où donc étiez-vous messieurs ? pas intéressés ? à moins que vous ne vous soyez vus préposés à la garde des enfants ? —, quelques privilégiées qui, ayant défié bravement l’obscurité venue avec les intempéries, se sont retrouvées à la librairie afin d’y découvrir un peu des quelques centaines d’ouvrages publiés en cette rentrée littéraire. Dans cette surabondance, Anne et sa collègue ont su faire pour nous un choix judicieux. Une présentation d’autant plus agréable qu’il nous était possible de les prendre en main et de les feuilleter, ces petites merveilles fraîchement échappées des maisons d’édition !
La soirée s’est déroulée en deux temps. Vint d’abord une vue d’ensemble, où il nous fut dit que cette rentrée, riche et diverse, « moins nombriliste que par le passé », était intéressante car ne comportant pas de « poids lourd capable d’écraser les autres ». Mais qu’elle laissait une respiration ouverte à tous, écrivains chevronnés aussi bien que novices. Que des thèmes variés s’y côtoyaient avec bonheur, de même que voisinaient les productions françaises et étrangères de qualité. Qu’auprès des incontournables, présents à chaque rentrée existaient à part égale des coupables de « premier roman », tous manifestant « le besoin d’expliquer le monde, et de s’expliquer le monde », en se replongeant dans l’histoire ou en imaginant un futur, qu’il soit dystopique ou non, mais bien « capable de nous expliquer le présent vécu ». Ensuite, pour nous mettre l’eau à la bouche et réveiller notre curiosité, il nous fut proposé, avec une belle force de conviction et force détails, mais sans que jamais elles se voient déflorées, quelque dix à quinze œuvres toutes fort alléchantes.
Petite sœur de La Grande Librairie ou de La Librairie francophone, où fut d’ailleurs déjà présenté, un samedi sur France-Inter, Le Papillon Bleu, une réunion-panorama digne d’aiguiser notre intérêt, de nous aider à faire le tri, et de nous guider dans nos lectures à venir : ne serait-ce pas là le rôle d’une vraie librairie ? Souhaitons être convié(e)s bientôt à d’autres rencontres du même type !
Janine Bailly, Fort-de-France, le 29 septembre 2018
Photos Paul Chéneau