— Par Jean Gabard —
Il faut être aveuglé pour ne pas reconnaître que les luttes féministes n’ont pas totalement abouti et que l’égalité en dignité et en droits, depuis peu dans les textes, est encore peu respectée. La nécessité de poursuivre le travail pour plus de justice et moins de violence est d’ailleurs soutenue par une majorité de la population. Fort de ce soutien, des féministes, qui considèrent que seules les femmes peuvent être féministes et que l’on peut appeler néo-féministes, en profitent pour élargir leurs revendications, certaines de ne pouvoir défendre, dans tous les cas, que la démocratie. Celles-ci transforment le féminisme des années 1960 en une idéologie fortement inspirée des Etudes de genre et plus récemment du « wokisme ».
Avec ces néo-féministes, la lutte justifiée des Etudes de genre contre les discriminations se trouve transformée. Il ne s’agit plus de montrer et combattre ce qui dans les inégalités provient de la construction sociale sexiste, mais de montrer que toutes les inégalités ont pour origine les discriminations et la construction sociale. Il faudrait en finir avec toute différence, toujours jugée injuste. C’est ainsi que les néo-féministes veulent ignorer non seulement la structuration différente du psychisme, inconsciente, mais aussi les effets de la biologie sur les comportements qui, depuis quelques années, sont pourtant prouvés par les sciences. Elles ne retiennent que la construction sociale, elle aussi inconsciente, qui serait forcément sexiste. En évitant les nuances, elles peuvent militer avec plus de certitudes.
L’idéologie néo-féministe, devenue dominante, dénie la différence des sexes et ainsi ne permet pas de l’étudier et d’apprendre à la gérer. Au lieu d’améliorer le « vivre ensemble », elle aggrave les malentendus et le sexisme. A celui des hommes qui ne peuvent vivre avec la différence des femmes que s’ils peuvent les inférioriser, se rajoute une idéologie qui, en réaction, n’explique la différence des hommes que par leur mauvaise éducation. En n’évoquant pas une infériorité de l’ensemble des hommes, elle croit éviter l’accusation de sexisme. Il s’agit pourtant bien de ne pas trouver la différence normale mais problématique et, ce qui est encore plus pervers, d’en attribuer la responsabilité non pas à la nature masculine mais aux hommes eux-mêmes. C’est ainsi que ce qui était considéré comme des qualités masculines devient des défauts que les hommes sont appelés à corriger.
Condamnant le machisme de leurs aînés et n’arrivant pas à avoir des comportements comparables à ceux des femmes, des hommes, diabolisés, culpabilisent. Certains s’évaporent plus qu’ils ne se métamorphosent quand d’autres se bloquent, se replient dans la « maison des hommes » et, pour sauver leur identité qu’ils sentent menacée, justifient leur machisme. Si, déjà, l’évaporation des hommes commence à être regrettée par de nombreuses femmes, l’incompréhension croissante qui favorise les extrêmes, en inquiète encore plus. Elle exacerbe une « guerre des sexes » où les deux camps, qui ne se rencontrent que dans la violence, sont perdants.
Jean GABARD conférencier et auteur de « Le néo-féminisme contre la famille » Les Editions de Paris Max Chaleil, Paris, janvier 2023. http://www.jeangabard.com