A Madiana. Drogue, cancer, alcoolisme et inceste sont en ménage. Lourdingue!
On pouvait aussi ajouter à la liste un peu d’acomoclitisme, très répandu de nos jours, et une dose d’urolagnie, sans oublier pour les Antilles une bonne rasade de mécanophilie mais trop c’est trop ! N’est pas Tennessee Williams ou même Edward Albee qui veut ! Ce n’est pas l’accumulation des thèmes, fussent-ils scabreux qui fait un bon film. C’est bien évidemment la manière de les traiter, de les comprendre et de les approfondir. L’adaptation cinématographique par l’auteur, Tracy Letts, de la pièce de théâtre étasunienne « Un été à Osage County » et réalisée par John Wells est éprouvante. Plus exactement fatigante. Ce n’est pas faute de beau linge. En effet la distribution réunie Meryl Streep, Julia Roberts, Sam Shepard, Juliette Lewis, Chris Cooper et Ewan McGregor.
Mais la qualité du film est inversement proportionnel au surcasting qu’il affiche. Alors de quoi s’agit-il ? A la mort de leur père trois filles et leurs pièces rapportées respectives rejoignent la maison familiale ou réside leur mère, une cancéreuse, shootée aux médoc et quelque peu paranoïaque. Des « secrets de famille » vont être révélés sur le mode du jeu de massacre. La haine suinte de toute part. Le tout est agrémenté de vagues allusions faulknériennes au Sud ou au génocide des Indiens, pardon des «américains natifs ».
Le climat « hystérogène » du propos est encore alourdi par le jeu insupportable de Meryl Streep qui donne allègrement dans le surjeu, dans la théâtralisation, dans un cabotinage d’autant plus caricatural qu’il semble calibré au millimètre près, ce qui lui enlève toute crédibilité. On est là dans l’outrance, dans la démonstration lourdingue, dans la surenchère de gesticulations vociférantes. Seule Julia Roberts, qui prend facilement le contre-pied de Meryl Streep surnage dans le rôle de la fille aînée. Elle est émouvante et juste dans une interprétation qui donne une épaisseur à son personnage. Les hommes un peu falots, sont à la périphérie du cyclone familial.
Un mauvaise pièce de théâtre, mal adaptée ne fait pas un bon film. Peut-être John Wells, le metteur en scène débutant, a-t-il cru qu’il suffirait de réunir une pléiade d’acteurs pour faire un succès. Il a simplement oublié qu’il fallait encore les diriger.
R.S.