— Par Patrice Trapier —
Roger-Pol Droit a publié un essai assassin contre « les prophètes du bonheur », à commencer par Comte-Sponville, Ferry, Lenoir et Onfray.
L’été approche et son cortège de régimes santé-forme-minceur. Une séance de méditation, cinq fruits et légumes quotidiens, le bonheur est dans le pré! À côté des maillots se glisseront naturellement dans la valise quelques traités de « philo perso » achetés sur Amazon : au choix le paradis en dix leçons, la sérénité pour les nuls ou le zen à la portée de tous…
C’est contre ces prophètes du bonheur (Comte-Sponville, Ferry, Lenoir, Onfray…) et leur kit prêt-à-penser, que Roger-Pol Droit a publié, il y a quelques semaines déjà, un essai assassin qui se lira allègrement durant tout l’été. Le très urbain « RPD » laisse aller sa colère contre les propagandistes d’un « bonheurisme philosophique » qu’il conteste en bloc et en détail. À une époque où le tragique de l’Histoire signe son retour ; où la science en marche autorise tous les fantasmes ; où les grandes idéologies effilochées laissent la place à l’intégrisme, au nihilisme ou au narcissisme culturel, l’homme occidental cultive son nombril en s’imaginant lointain disciple de Sénèque, Socrate, Lucrèce ou Épicure.
« Soumise aux caprices des dieux »
Pour RPD, ce semblant de retour aux sources ascétiques n’est qu’un avatar de philosophe, une mode consommable ici et maintenant. Contrairement aux apparences, elle n’a jamais conserné la Chine et l’Inde. Et même au temps des Antiques, « la vie heureuse » se situait aux antipodes des préceptes actuels : la félicité était soumise aux caprices des dieux, ouverte sur la nature, la cité, le cosmos et surtout elle formait un horizon inatteignable toujours remis en cause par le chaos du monde.
Le philo-sage a vite été dépassé par les figures du saint puis du savant. Kant, Nietzsche, Schopenhauer ou Freud ont montré que le bonheur n’est pas forcément le but de l’homme. Face à la philo-bonheur, RPD défend la philosophie qui cherche la vérité, donc le doute, la contradiction, l’intranquillité. Et de citer cette magnifique phrase de George Sand : « Laissez-moi fuir la menteuse et cruelle illusion du bonheur! Donnez-moi du travail, de la fatigue, de la douleur et de l’enthousiasme! »
La philosophie ne fait pas le bonheur… et c’est tant mieux! de Roger-Pol Droit, Flammarion, 202 p., 19 euros.
Patrice Trapier – Le Journal du Dimanche
Ce que dit la presse
- « Vigoureux réquisitoire » contre les « dealers de félicité » (Thomas Mahler, Le Point)
- « Un livre limpide, enlevé et polémique » (Michel Audétat, Le Matin Dimanche)
- « Roger-Pol Droit s’en prend avec brio à la « philo-bonheur » qui promet de changer notre existence et de pacifier nos vies » (Charles Jaigu, Le Figaro)
- « Éclairante, fluide et accessible, cette lecture fait l’effet d’une bonne cure de désintoxication » (Florence Batiss-Pichet, Chemin Lisant)
- « Roger-Pol Droit ose le procès de cette nouvelle forme de totalitarisme radieux » (Cécile Denayrouse, La Tribune de Genève)
- « Un grand coup de gueule » (Yann Verdo, Les Echos)
- « Roger-Pol Droit se moque des étals (…) qui font de la philosophie une marchande de paix » (Robert Maggiori, Libération)
- « Une critique du bonheur moderne » (Christophe Salvat, Blog Mediapart)
- « Roger-Pol Droit se révolte » (Elsa Godart, Psychologies)
- « Une saine diatribe » (André Masse-Stamberger, Le Quotidien du Médecin)
- « Plaidoyer contre le « bonheurisme » » (Jérôme Anciberro, la Vie)
- « L’écrivain et philosophe dénonce une dérive actuelle » (William Bourton, Le Soir)
- « Un libelle incisif contre la confusion des genres » (Le Monde)
- « Flamboyant sur le fond et la forme » (Dorothée Werner, ELLE)
- « Vivifiante démonstration » (Jean-Marie Durant, Les Inrockuptibles)