— Par Hélène Lemoine —
Récemment, une vague de soutien s’est levée pour défendre la chanteuse Zaho de Sagazan, dont les œuvres semblent être retirées des antennes des radios du groupe Bolloré. L’artiste, couronnée aux Victoires de la musique 2024, aurait vu son titre « La symphonie des éclairs » brusquement disparaître des ondes de radios telles qu’Europe 1, Europe 2 et RFM après avoir critiqué publiquement Cyril Hanouna, animateur emblématique de C8, chaîne également détenue par Vincent Bolloré.
Le 2 juillet dernier, Zaho de Sagazan exprimait sa colère contre Cyril Hanouna via Instagram, dénonçant la « diabolisation de la gauche et dédiabolisation de l’extrême droite par les médias ». Peu de temps après, sa musique n’était plus diffusée sur les stations du groupe Bolloré. Face à cette situation, près de 600 artistes, incluant des personnalités comme Angèle, Juliette Binoche et Virginie Despentes, ont signé une lettre ouverte adressée à Vincent Bolloré, demandant des explications et exprimant leurs inquiétudes quant à une éventuelle censure.
Une réponse ambiguë des médias
Arnaud de Puyfontaine, président du directoire de Vivendi, a tenté de répondre à ces préoccupations en mettant en avant la couverture récente de Zaho de Sagazan dans Harper’s Bazaar, un magazine du groupe Vivendi. Cette réponse n’a cependant pas convaincu les signataires, qui perçoivent cette action comme une tentative de détourner l’attention des pratiques censurantes.
Alain Liberty, directeur général des radios musicales du groupe Lagardère, a de son côté démenti les accusations, affirmant que le retrait de la chanson relevait d’une « nouvelle orientation d’identité musicale » et que « La symphonie des éclairs » était « en fin de carrière ». Ces justifications n’ont pas apaisé les craintes des artistes, qui voient dans cette affaire un symptôme de la mainmise des grands groupes médiatiques sur la liberté d’expression.
Une mobilisation sans précédent
La lettre ouverte, relayée par des médias comme Le Parisien et Les Inrocks, rassemble des figures importantes de la musique, du cinéma et de l’humour. Parmi les signataires, on retrouve des artistes tels que Catherine Ringer, Renaud, Olivia Ruiz, Juliette Binoche, Romane Bohringer, et Blanche Gardin. Cette mobilisation met en lumière une solidarité inédite face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à la diversité des opinions et à la liberté d’expression artistique.
Enjeu de la liberté d’expression
Cette affaire soulève des questions cruciales sur l’indépendance des médias et le pouvoir des grands groupes sur la diffusion culturelle. Les signataires de la lettre ouverte insistent sur la nécessité de préserver un espace public où les voix artistiques peuvent s’exprimer librement, sans craindre des représailles. Ils demandent un débat équilibré et respectueux des valeurs fondamentales de la société, notamment la liberté artistique et la diversité culturelle.
La culture et l’art sont des bastions de la liberté
L’unité démontrée par la communauté artistique face à cette situation illustre la puissance de la solidarité contre la censure et l’intimidation. En défendant Zaho de Sagazan, les artistes rappellent l’importance de protéger la liberté d’expression et la diversité des idées dans un monde où les grands groupes médiatiques exercent une influence considérable. Cette mobilisation sert de rappel que la culture et l’art doivent rester des bastions de la liberté et de la pluralité dans notre société moderne.