— Par Yves-Léopold Monthieux —
Le dernier épisode de dégradation de monuments aux morts, à la veille du 14 juillet 2023, me rappelle la contre-chronique parue ici à la suite de l’incendie criminelle de trois restaurants au Carbet et à Ste Luce : La main invisible du désordre, un mouvement désordonné et un mouvement ordonné.
Le mouvement désordonné qui affecte tour à tour en Martinique les activités commerciales, les symboles religieux, les monuments aux morts ou les radars routiers, s’accompagne donc d’un mouvement ordonné fait de moments et de gestes significatifs comme la suppression des items et de la sémantique (métropole, outre-mer et leurs variantes) rappelant la colonisation, la prééminence des signes de rupture institutionnelle sur les marques d’appartenance à l’ensemble français, les demandes de compétences accrues ou l’élection d’indépendantistes aux élections nationales.
Certes, face au mutisme kremlinesque des élus de la CTM et à l’indifférence glaciale de la population, il est possible de considérer comme absurde chacun de ces comportements, pris séparément. En effet, les équipées des activistes dans les supermarchés ont pu paraître contre-productives ; la destruction des statuts de l’impératrice Joséphine de Beauharnais et de Schoelcher, historiquement injustifiée ; l’incendie de restaurants, fermée à toute perspective positive ; l’adoption officielle du drapeau rouge-vert-noir ou de la langue créole, étrangère au vœu des Martiniquais ; la distinction de président de Martinique, contraire au statut de la Collectivité.
Cependant, l’agrégation de ces événements d’apparence absurde, leur complémentarité ainsi que leur progression dans le temps, leur tunnellisation vers une même direction ne peuvent pas échapper à un esprit attentif. Bien qu’on ne sache pas où et comment classer ces initiatives d’allure saugrenue, comme l’appel à supprimer le préfet ou à transférer le siège du ministère de l’Outre-Mer – qu’on voudrait par ailleurs voir disparaître -, l’alignement de vraies-fausses incohérences s’ordonne dans un continuum parfaitement cohérent. En effet, il peut paraître naïf de ne pas y voir un contexte et de considérer isolément des faits, déconcertants pour les uns et encourageants pour les autres. En conséquence, seule prévaudrait une lecture d’ensemble d’évènements qui, dans leur mise en perspective, retrouvent une parfaite cohérence.
Fort-de-France, le18 juillet 2023
Yves-Léopold Monthieux