— Par Livie Pierre-Charles —
Une fièvre éruptive contestataire s’est emparée du corps social le mettant en état d’excitation, une excitation destructrice par les turbulences engendrées. Ce sont, ici, d’honnêtes citoyens privés de la liberté de se déplacer avec leur véhicule ; là, le personnel soignant empêché de se porter au chevet des malades à domicile ; et, plus loin, des incendies ravageurs partant à l’assaut des biens publics et privés. Bref, un climat insurrectionnel ayant pour origine des consignes émanant du monde syndical, absolument hostile à la loi sur l’obligation vaccinale.
On est en présence d’un acte de désobéissance civique quand on pense que cette même obligation s’applique encore à une douzaine de vaccins (ex : B.C.G et bien d’autres) qui loin d’être contestés sont encore de nos jours très appréciés ; on est en droit de s’interroger sur les raisons profondes d’une si véhémente opposition. Celle-ci laisse à sa suite une liste de dégâts matériels considérables affectant non seulement les biens mais aussi les personnes privées de salaires suite à la destruction de leur outil de travail et appelées à grossir les rangs des chômeurs.
Et enfin, au nombre des victimes, il faut également citer les entreprises, dont les toutes jeunes, de création récente, apparaissent comme des innocents gisant au milieu d’un carnage.
Pourront-elles se relever ?
Quelle est cette fièvre éruptive qui s’empare du corps social à intervalles plus ou moins réguliers (ex : 1959 – 2009 – 2021) ? Quel est ce mal qui ronge les flancs de notre société et que l’on n’est visiblement pas encore parvenu à endiguer ? Faut-il l’imputer à la réactivation récurrente du souvenir de notre douloureux passé ? ou alors à la méconnaissance des dispositions nouvelles qui régissent les rapports entre les individus et l’État (vivons nous encore à l’époque de l’esclavage ?) ; entre salariés et chefs d’entreprises ; entre salariés au sein de l’entreprise. Ici intervient le monde syndical qui est en droit de présenter de légitimes revendications, mais est-ce au prix de violences destructrices ? Au plan des modalités, cette violence ne pourrait-elle pas être remplacée, après mûre réflexion par une argumentation bien préparée, solidement et honnêtement charpentée parce que reposant sur des propositions relevant du droit. A cette condition, ces propositions auraient comme avantage celui de faciliter la compréhension par les usagers des réclamations présentées et d’obtenir leur adhésion. Au lieu de cela, on assiste à des mouvements de foules vociférantes, ivres de colère, lançant des slogans percutants, propres à déstabiliser et à décourager les acteurs de notre économie, laquelle n’est pas loin de l’agonie.
Tout cela pour dire que les revendications syndicales sont parfaitement légales et légitimes. Elles n’ont par conséquent pas besoin de la violence pour se faire entendre mais bien d’un sérieux travail de réflexion et de préparation mettant en adéquation les objectifs et les moyens – non violents – de les atteindre. L’épisode que nous venons de vivre rappelle étrangement le contenu d’un proverbe créole mettant en évidence la bêtise humaine consistant à incendier sa maison pour y trouver et tuer le rat qui s’y cache !