— Par Eugénie Bastié —
Des proches des Indigènes de la République ont lancé un camp de formation à l’antiracisme… réservé uniquement aux personnes souffrant du « racisme d’état ». Une revendication de non-mixité de plus en plus présente dans les milieux de gauche radicale.
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Ce «camp d’été décolonial» se présente comme une «formation à l’antiracisme politique». Un stage de quatre jours, du 25 au 28 août, ouvert à 150 personnes, qui aura lieu près de Reims et qui s’inscrit «dans la tradition des luttes d’émancipations décoloniales anti-capitalistes et d’éducation populaire», expliquent sur leur site les organisatrices, qui revendiquent déjà «plus de la moitié des places réservées.»
Une forme d’antiracisme très spéciale, puisqu’elle exclut les personnes blanches. En effet, est-il précisé sur le site: «Le camp d’été est réservé uniquement aux personnes subissant à titre personnel le racisme d’État en contexte français, nous accepterons cependant quelques inscriptions de personnes subissant le racisme d’État mais vivants dans d’autres pays.» Une précision qui exclut de facto les personnes blanches, qui ne souffrent pas selon les organisateurs de «racisme structurel». Une exclusion qui n’est pas sans susciter l’indignation. «Où sont les critiques? Où sont les demandes d’interdiction?», se demande ainsi le journaliste Laurent de Boissieu, qui le premier a repéré l’évènement, sur son blog.
A l’origine de cette idée, deux militantes: Fania Noël et Sihame Assbague. Cette dernière, qui se présente comme une militante antiraciste, est proche du PIR (Parti des Indigènes de la République) mouvement qui dénonce le «philosémitisme» d’État, dont l’une des responsables, Houria Boutedjla est accusée de prôner une forme de racisme anti-Blancs. Porte-parole du Collectif «stop au contrôle au faciès», Sihame Assbague est également membre du Collectif Mafed, Marche des femmes pour la dignité. Quant à Fania Noël, elle se présente comme «afroféministe anticapitaliste anticolonialiste anti-impérialiste anti-mixité…», et fait partie du Collectif Mwasi, réservé aux «femmes cisgenres et transgenres noires/métisses africaines et afro-descendantes». Cette militante très radicale revendique ouvertement une forme de communautarisme. «Je pars du principe que si tu ne vis pas un truc, tu ne peux pas en parler», déclarait-elle à Libération. «Oh que oui, on est bien entre nous!», ajoutait-elle, un brin provocatrice. «Entre nous». C’est bien là le principe du camp d’été. Il est également précisé que les couples non-mixtes ne sont pas acceptés, puisqu’il faut subir de façon «personnelle» le racisme d’Etat.
Contactées, les deux organisatrices n’ont pas accepté de répondre à nos questions.
Au programme du stage, on trouve, pêle-mêle: des ateliers d’écriture pour «décoloniser l’imagination», des formations pour «construire une lutte anticapitaliste décoloniale à l’échelle de l’UE», mais aussi «lutter contre la négrophobie des personnes racisé.e.s non noir.e.s», et «combattre les politiques anti-migrations».
La «non-mixité», un principe de plus en plus répandu dans les milieux «antiracistes» et féministes
Loin d’être une initiative isolée, ce camp est le dernier exemple d’un phénomène de plus en plus répandu dans les mouvements de la gauche radicale, à savoir la «non-mixité», une forme d’ostracisme assumé qui exclut une partie des individus du débat au nom de la lutte contre un «système» dominant.
Ainsi, à l’Université Paris 8 mi-avril, en marge des manifestations contre la loi travail, un groupe de réflexion «organisé en non mixité», proposait de donner la parole sur le sujet exclusivement à des personnes «non-blanches».
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