Plusieurs cadres écologistes reprochent au patron de la France Insoumise l’emploi du terme «provocation» pour qualifier la défense de «pays démocrates» face aux régimes «autoritaires».
La Nupes se déchire sur les sujets internationaux. Après de premières frictions internes liées à la proposition de résolution visant à dénoncer la prétendue «institutionnalisation par Israël d’un régime d’apartheid», ce sont désormais la poussée de tension entre Pékin et Taïpei qui fissurent le cartel des gauches. «Mélenchon parlait de “provocation” quand l’Ukraine démocrate se défendait au Donbass face à la Russie autoritaire. Et (il) parle de “provocation” de Taïwan quand ce pays agit librement face à la Chine. Un pays démocrate, c’est forcément une “provocation” pour une dictature», a asséné ce vendredi après-midi le patron des écologistes, Julien Bayou, sur Twitter.
En cause, le récent billet de blog publié par le leader de la France Insoumise pour dénoncer la tournée asiatique de la chef des députés américains, Nancy Pelosi, accusée selon lui de vouloir «ouvrir un nouveau front» alors qu’il «n’y a qu’une seule Chine» à ses yeux. «Taïwan est une composante à part entière de la Chine», a encore cru bon d’ajouter le troisième homme de la dernière élection présidentielle, qui achève une visite en Amérique latine, entamée le 12 juillet dernier, et qui l’a tour à tour conduit au Mexique, au Honduras et enfin en Colombie.
«Pas en mon nom», s’insurge l’ancien patron d’EELV David Cormand
Dans la foulée de leur chef de file, plusieurs cadres écologistes sont eux aussi montés au créneau pour fustiger la sortie de Jean-Luc Mélenchon, et s’émouvoir de la reconnaissance que lui a exprimée l’Ambassade de Chine en France. «Voilà des remerciements que je n’aimerais pas recevoir ! Honteux de parler d’une Chine unique et de remettre en cause le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ce pays emprisonne les Ouïghours et mène une politique de répression systématique contre toute opposition», a martelé l’eurodéputé EELV Mounir Satouri.
«Le soutien à la politique d’une seule Chine nie que la Chine est une dictature dont les provocations sont intolérables ; (que) le génocide des Ouïghours est une réalitéet qu’il est criminel ; (et que) les Taïwanais ont le droit à l’autodétermination, à disposer d’eux-mêmes», a quant à elle étrillé la numéro deux d’Europe Écologie-Les Verts, Léa Balage El Mariky. «Pas en mon nom», a enfin conclu l’ancien patron du parti, David Cormand, selon qui «le cynisme de la diversion qui consiste à faire passer les bourreaux pour des victimes, c’est l’éternelle dialectique des dictateurs et la justification de leur barbarie». Contacté par Le Figaro, Jean-Luc Mélenchon n’a pas répondu à ce stade. LFI n’a pas réagi non plus.
Source : Le Figaro