— Source AFP —
Le vice-Premier ministre turc, Bülent Arinç, a déclenché la polémique en déclarant que les femmes ne doivent pas rire trop fort, et qu’elles ne doivent pas non plus partir en vacances sans leur mari ou pratiquer la pole dance.
« Une femme doit conserver une droiture morale, elle ne doit pas rire fort en public« , a affirmé le vice-Premier ministre turc, Bulent Arinç, suscitant une polémique mardi en Turquie, un pays musulman, mais laïque qui fête l’Aïd el-Fitr. « L’homme doit être moral, la femme aussi, elle doit savoir ce qui est décent et ce qui ne l’est pas« , a dit lundi Bulent Arinç influent membre du gouvernement islamoconservateur, dont il est aussi le porte-parole, lors d’un déplacement dans sa circonscription de Bursa (nord-ouest), rapportent les journaux.
Et d’ajouter : « Elle ne doit pas rire fort devant tout le monde, doit absolument conserver sa décence à tout moment. » Cette petite phrase a provoqué une avalanche de réactions – pour la plupart, indignées – dans les réseaux sociaux où les internautes dénonçaient l’intervention « de plus en plus flagrante » du régime turc dans la sphère privée. « Arrêtez de nous donner une leçon de morale, à la place, rendez compte pour l’argent que vous avez volé« , a lancé btürkmen sur le site de microblogs Twitter, en allusion aux soupçons de corruption visant depuis décembre dernier le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan et son entourage politique.
Dérive
« Je ne peux qu’éclater de rire à cette leçon de morale ! » écrit pour sa part une autre utilisatrice, Hilan Inan. La sortie du vice-Premier ministre, qui dans le passé s’était illustré pour ses conseils répétés en faveur d’une vie prude comme édictée dans le Coran, a aussi eu une répercussion politique. À une dizaine de jours de l’élection présidentielle des 10 et 24 août, qui sera pour la première fois organisée au suffrage universel, le candidat de l’opposition, Ekmeleddin Ihsanoglu lui a aussitôt répondu.
« Nous avons vraiment besoin d’entendre le rire gai des femmes« , a écrit le candidat, principal rival de Recep Tayyip Erdogan au scrutin présidentiel, sur Twitter. En été 2013, les Turcs avaient massivement manifesté contre la « dérive autoritaire » et « islamiste » du régime de Recep Tayyip Erdogan qui est aux rênes de la Turquie depuis 2002