— Par Guy Gabriel —
Truth de James Vanderbilt; drame américain, avec Cate Blanchett, Robert Redford,Dennis Quaid…Etats-Unis
Nous sommes en septembre 2004, Dan Rather, présentateur vedette CBS et sa productrice Mary Mapes sont au cœur d’une polémique, après la diffusion d’un reportage dans leur émission 60 Minutes Wednesday, mettant en cause G.W.Bush, qui, semble-t’il, aurait essayé d’échapper à ses obligations militaires, entre 1968 et 1974 ; ce dernier aurait bénéficié d’appuis familiaux et politiques pour échapper à la guerre du Vietnam. Cette affaire pourrait porter préjudice à la suite des événement, car nous sommes également à la veille de l’élection présidentielle de 2004. Curieusement, peu après, l’opinion publique et les médias mettent en doute les documents-clés de l’affaire, qui pourraient être des faux crées par Microsoft.
Voilà Marie Mapes et Dan Rather dans la tourmente.
Après le très intéressant Spotight mettant en cause des pratiques pédophiles au sein du clergé de Boston révélant, ainsi le plus grand scandale que l’Eglise catholique ait connu sur le sol américain, voilà Truth avec lequel on quitte le milieu religieux pour celui de la politique tout court ; le film va tenter de revisiter ce qu’on a appelé le « memogate » et qui va perturber la campagne présidentielle américaine de 2004, mais aussi, et surtout le travail des deux protagonistes et leur faire toucher du doigt le prix de la vérité, et , on se rend compte le milieu politique est moins vulnérable que celui de la religion ; en effet, les lobbys se réveillent vite et, très rapidement, ce qui ressemble à la vérité, devient gênante et se retourne contre ceux qui ont eu l’outrecuidance de s’interroger l’intégrité (parfois douteuse) des grands de ce monde.
Adapté du livre de Marie Mapes, « Truth and Duty : The Press, The Président, and the Privilege of Power », le film nous montre comment les différents pouvoirs, politique et économique peuvent entraver la marche vers la vérité, surtout lorsqu’elle dérange ; il montre bien comment Marie et Dan sont lâchés par leur direction, ainsi que les pressions venant de toute part, ce que Marie confirme dans un interview à Télérama quand elle dit : « Il y a eu beaucoup de pression, sur la chaîne, et je pense qu’elle n’était pas en mesure de résister…..CBS qui appartient au groupe Viacom n’a pas voulu se battre. La société a eu peur pour sa propre survie. La Maison Blanche a exercé des pressions afin de remettre en cause notre travail. D’une certaine façon, Dan (Rather) et moi avons été trahis par notre employeur, qui ne nous a pas soutenus. »
Autant Spotlight faisait l’éloge du journalisme triomphant, Truth met en scène l’échec, non pas pour mensonge mais pour dérangement ; sans atteindre l’intensité du premier, le second reste du cinéma intéressant, bénéficiant d’une interprétation solide, notamment celle de Cate Blanchett, crédible et attachante en productrice déstabilisée, mais forte et qui valorise le métier de journalisme, car il n’a jamais été prouvé qu’il s’agissait d’un scoop agressif et sans base solide.
Guy Gabriel