— Par Géraldine de Thoré* —
Vendredi 18 septembre, à la Mairie de Fort-de-France, sept associations, à l’initiative de Culture Égalité, ont organisés une conférence, « Droits humains et racisme, le cas de Haïti et de la République dominicaine », inscrite dans le mois des commémorations de l’insurrection du Sud, en septembre 1870.
Pourquoi lier insurrection du Sud et lutte contre le racisme ? En 1870 Lumina Sophie s’est dressée contre le racisme et les injustices qui frappaient la population noire en Martinique. En 2015, à notre porte, le racisme ordinaire est devenu racisme d’état en République dominicaine.
Cette conférence, sur fond historique, a permis à une centaine de personnes, d’entendre deux représentantes d’ONG haïtiennes, le GARR (Groupe d’Appui aux Réfugié-e-s et Rapatrié-e-s) et la RNDDH (Réseau National de Défense des Droits Humains) nous raconter la violence d’une implacable mécanique d’exclusion instituée au mépris des droits humains les plus élémentaires et des conventions internationales. Pourquoi ? « Parce ce que ces gens sont noires et pauvres », disent en cœur les représentantes du GARR et de la RNDDH.
La Martinique n’échappe pas à la règle. Lors du débat qui a suivi les allocutions du GARR et de la RNDDH, des membres de l’ASSOKA présent-e-s dans l’assistance ainsi que le secrétaire général de l’ADHM (Association des Haïtien-ne-s de Martinique) ont évoqué, entre autres, les pressions exercées dans nos commissariats sur des pères martiniquais pour qu’il renie leur paternité d’un enfant de mère haïtienne, facilitant ainsi l’expulsion rapide de la mère et dudit enfant ; ou encore les cas de ces étranger-e-s « attiré-e-s » à la préfecture sous prétexte de renouveler leur carte de séjour et expulsé-e-s sur le champ.
Oui, les 2% d’étranger-e-s vivant en Martinique sont considérés comme un « problème », et ce malgré un solde migratoire négatif et un vieillissement de notre population qui compromet la survie économique de notre île.
« Je ne veux pas jouer avec toi, tu es trop noire ! ». Dans l’assistance, une petite fille, martiniquaise s’est levée pour témoigner du choc de s’entendre jeter une telle phrase à la figure. Oui, ici aussi le racisme gangrène les esprits. Un racisme hérité de l’esclavage et de la colonisation qui conduit à la croyance absurde que la « clareté » d’une peau noire est un privilège à défendre.
Cette conférence et les témoignages entendus nous ont rappelé la nécessité de résister individuellement et politiquement aux idées xénophobes et l’obligation morale de combattre les inégalités, les injustices, le racisme.
C’est dans cet esprit que les associations présentes appellent au respect des droits humains, éducation à donner dès le plus jeune âge, et au renforcement de la solidarité entre les peuples pour créer une autre société, un autre monde.
*Géraldine de Thoré, porte parole de l’association féministe Culture égalité et du groupe d’organisation (ADHM, ADPKM, AKPA, ASSOKA, « Faire une différence », GARR, RNDDH, les salariées mobilisées de Roger Albert)