Les préoccupations concernant la qualité nutritionnelle des aliments destinés aux tout-petits sont de plus en plus criantes. Une récente étude menée par l’association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV) a mis en lumière une présence excessive de sucre et d’additifs dans de nombreux produits pour bébés. Cette situation préoccupante s’inscrit dans un contexte alarmant où 29 % des enfants âgés de 2 à 4 ans en France sont en surpoids ou obèses en 2021.
L’étude de la CLCV a analysé 207 produits issus de neuf enseignes de distribution entre juin et juillet derniers. Les résultats sont éloquents : 30 % de ces produits contiennent des « ingrédients sucrants » tels que sucre blanc, sucre roux, miel, dextrose, chocolat et caramel. Pour les produits laitiers destinés aux bébés, la proportion de produits contenant ces ingrédients monte même à 85 %. Cette constatation est d’autant plus inquiétante que la consommation excessive de sucre peut contribuer à des problèmes de poids chez les jeunes enfants.
De plus, l’étude révèle que près de 38 % des produits analysés contiennent des additifs. Cela va à l’encontre des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui préconise des limites strictes en matière d’additifs pour les aliments destinés aux jeunes consommateurs, soit cinq fois inférieures à celles autorisées dans l’alimentation traditionnelle. Les produits laitiers pour bébés, en particulier, sont concernés, avec des épaississants, émulsifiants et correcteurs d’acidité qui ne devraient pas figurer dans leur composition.
L’étude de la CLCV met également en avant la présence d’arômes dans un tiers des produits examinés. Ces arômes peuvent influencer les préférences gustatives des enfants, les incitant à préférer des aliments gras et sucrés. De plus, la multiplication des produits de type snacks et desserts dans les rayons d’alimentation infantile contribue à normaliser la notion de grignotage et la consommation de desserts sucrés en fin de repas, des habitudes potentiellement néfastes pour la santé des tout-petits.
Un facteur majeur de cette problématique est la réglementation européenne actuelle, jugée « trop permissive » par la CLCV. En effet, l’OMS recommande des mesures beaucoup plus strictes pour les produits alimentaires destinés aux enfants, telles que l’interdiction d’utiliser des allégations nutritionnelles ou de santé, l’absence d’ajout de sucre dans les recettes, l’interdiction de vendre des confiseries et des boissons sucrées, et la fixation de limites maximales de sucre pour certains produits. Malheureusement, ces recommandations sont peu suivies en France.
Face à ces constats alarmants, la CLCV appelle les industriels à améliorer la qualité des produits alimentaires pour bébés en réduisant au maximum l’utilisation d’ingrédients sucrants et d’additifs. De plus, il est impératif de renforcer la réglementation européenne en matière de composition nutritionnelle des produits pour enfants, en se basant sur les directives de l’OMS. Une réflexion doit également être engagée pour mettre en place un étiquetage nutritionnel clair et facilement lisible sur les produits destinés aux tout-petits. La santé des enfants doit rester une priorité, et cela commence par la qualité des aliments qu’ils consomment dès leur plus jeune âge.