— Par Jean-Philippe Bianchi —
Un lecteur, Jean-Philippe Branchi nous fait parvenir ce texte à propos deTristissimes. Médina aura au moins suscité un débat autour de son travail. Madinin’Art se félicite d’en avoir restituer quelques échos.
TRISTISSIMES… « Quelques histoires d’Amour très très tristes ».
Illustre le génie du geste théâtral de Yoshvani MEDINA dans un pays à la geste gênée…
Yoshvani MEDINA, sa troupe d’acteurs et ses amis sont des êtres innommables…
Leur travail et leur action sont intemporels…
Leur théâtre est sans prétention sinon que celle de la situation en laquelle il vous plonge jusqu’à l’exorcisme…
Le théâtre de Yoshvani MEDINA n’est pas un théâtre de la théâtralité surréaliste ou encore impressionniste…
Le Théâtre de Yoshvani MEDINA est un théâtre situationniste….
Pas de messages. Des situations…
Et c’est là, le centre du génie gênant de ce metteur en scène hors norme, qui recrée l’ouverture par la clôture, la lumière par la mise en abymes des ténèbres, l’espoir par le violent éveil au désespoir de la condition humaine…
La Vie naît de la boue excrétrice d’une bonne bourre…
La Vie vit dans la boue notionnelle et confusionnelle de la communication…
Et, la Vie meurt dans la boue féconde des chaires…
Et pourtant… Et pourtant… Face à l’absurde !!!
Cette seule conscience de l’absurdité de notre situation, ne révèle-t-elle pas une néo forme d’espérance ?
Oh que si… Et c’est d’ailleurs de cette néo-espérance dont il est constamment question dans le théâtre de Yoshvani MEDINA.
Le théâtre de Yoshvani MEDINA est un théâtre de l’INESPOIR : « L’inespoir n’a rien à voir avec le désespoir. Il y a une différence. Le désespoir, c’est de la paresse, un intellect insuffisant. On n’est même pas disposé à chercher la raison du désespoir. C’est un bide total.
L’inespoir, en revanche, est très intelligent. On n’arrête pas de chercher. On tourne une page après l’autre en disant: « C’est sans espoir, c’est sans espoir ». On reste extrêmement vigoureux, inespérément vigoureux. On cherche encore des lueurs d’espoir, mais chaque fois on finit par se dire: « Ah non ! Beurk ! » L’inespoir n’arrête pas; il est très vigoureux, c’est une grande source d’inspiration. Il chatouille l’esprit comme si nous étions sur le point de découvrir quelque chose. Au moment de la découverte, nous disons: « Ah, enfin, j’ai trouvé !… Ah, non. C’est la même rengaine qui rapplique. »
L’inespoir renferme un pari et une excitation démesurés. Quand nous cédons, quand nous entrons dans un désespoir profond, d’inespoir en inespoir, juste avant que le désespoir et la paresse nous dominent, c’est alors que nous commençons à acquérir le sens de l’humour, ce qui nous empêche de devenir roi des paresseux et des imbéciles » (Jeud’illusion – Chogyam TRUNGPA).
Jean-Philippe Branchi