— Par M’A —
Le lundi 6 novembre, Neige Sinno, l’autrice du bouleversant ouvrage « Triste Tigre », a été couronnée par le prestigieux prix Femina 2023. Ce roman, publié par les éditions P.O.L, mêle récit intime et réflexions sociétales sur les violences sexuelles, abordant un sujet délicat : l’inceste dont l’autrice a été victime pendant son enfance. Le jury exclusivement féminin a été conquis, lui attribuant neuf voix sur douze dès le premier tour, démontrant ainsi l’impact puissant de ce livre.
Neige Sinno, 46 ans, finaliste du prix Goncourt 2023, a exprimé sa fierté d’être récompensée par un jury féminin en déclarant : « Cela me rappelle ma soutenance de thèse où il n’y avait aussi que des femmes dans les professeurs. (…) C’est une fierté, en plus, d’être encouragée ». Elle a également souligné que le sujet de son livre n’appartient ni aux femmes ni aux hommes, mais à l’humanité tout entière.
« Triste Tigre » est un récit bouleversant, mais il va bien au-delà de l’histoire personnelle de l’autrice. Il explore les méandres de la psychologie humaine et questionne notre fascination pour la violence. En plus d’aborder ces thèmes sensibles, l’ouvrage se démarque par sa forme hybride, oscillant entre le roman et l’essai. Neige Sinno puise dans une variété de textes, y compris « Lolita » de Nabokov et les œuvres de Virginia Woolf, pour enrichir sa réflexion sur l’inceste et le viol.
Le roman a également connu un succès en librairies, dépassant les 50 000 exemplaires vendus, selon les données de GFK(*). Ce prix Femina devrait sans aucun doute propulser le livre vers de nouveaux horizons.
Lors de la cérémonie, le prix du roman étranger a été attribué à l’Américaine Louise Erdrich pour son ouvrage « La Sentence », une histoire poignante mettant en scène une libraire amérindienne confrontée aux fantômes du passé et au racisme contemporain. L’auteure a rappelé l’importance de sa librairie à Minneapolis, consacrée à la littérature autochtone, et a décrit son établissement comme un lieu hanté.
Enfin, le prix de l’essai a été décerné à Hugo Micheron, un spécialiste du djihadisme, pour son ouvrage « La Colère et l’Oubli ». Son travail se penche sur les mouvements islamistes radicaux et violents en Europe après la chute de l’État islamique en Syrie. Pour Micheron, recevoir ce prix est une récompense pour trois ans de travail et une déclaration sur le caractère féminin de la littérature.
Ce 6 novembre 2023 restera marqué comme une journée de reconnaissance pour des auteurs talentueux qui osent aborder des sujets difficiles à travers leur art, confirmant ainsi la puissance de la littérature pour stimuler la réflexion et susciter des conversations importantes.
(*)Le groupe GfK (Gesellschaft für Konsumforschung, « société pour la recherche sur la consommation »), créé en 1934, est un leader mondial en matière de collecte et d’analyse de données dans le secteur Équipement de la maison.