Un drame a frappé Haïti le 17 juillet, lorsqu’un bateau de migrants a pris feu au large des côtes, causant la mort d’au moins 40 personnes et blessant plusieurs autres. Selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), l’incident met en lumière la crise profonde qui secoue ce pays des Caraïbes, gangrené par les violences des gangs et une instabilité chronique.
Le bateau, transportant plus de 80 personnes, avait quitté Labadie, dans le nord d’Haïti, en direction des îles Turques-et-Caïques, un archipel situé à 250 kilomètres. L’incendie s’est déclenché lorsqu’un passager a allumé une bougie pour une cérémonie vaudoue, provoquant une explosion en présence d’essence à bord. Les rites vaudous, souvent pratiqués par les migrants pour protéger leur traversée, se sont révélés fatals cette fois-ci.
Les gardes-côtes haïtiens ont secouru 41 migrants, désormais pris en charge par l’OIM. Onze blessés, dont sept dans un état grave, ont été transportés à l’hôpital. Arold Jean, porte-parole de la police haïtienne du département Nord, a confirmé que les recherches se poursuivent pour retrouver d’autres survivants et qu’une enquête a été ouverte pour démanteler les réseaux organisant ces voyages clandestins.
La crise en Haïti pousse de plus en plus de citoyens à entreprendre des traversées périlleuses. Depuis le 29 février 2024, les tentatives de départ par bateau ont considérablement augmenté, conséquence d’une situation socio-économique désespérée. Le chef de mission de l’OIM en Haïti, Grégoire Goodstein, souligne que la violence extrême des derniers mois n’a fait qu’accentuer ce phénomène, alors que plus de 86 000 Haïtiens ont été renvoyés de force dans l’île depuis le début de l’année.
Haïti est plongé dans une crise profonde, exacerbée par la violence des gangs qui contrôlent 80% de la capitale et des principaux axes. Le renversement du Premier ministre Ariel Henry par ces groupes en début d’année a encore aggravé la situation. Depuis, des autorités transitoires, soutenues par une mission multinationale de l’ONU menée par le Kenya, tentent de remettre le pays sur pied. Néanmoins, la tâche est immense dans un pays sans président depuis l’assassinat de Jovenel Moïse en 2021, et comptant désormais près de 600 000 déplacés internes.
Sabrina Solar avec dépêche d’agence