Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes : Une urgence mondiale qui exige des actions concrètes
Le 25 novembre, à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le monde est appelé à faire face à une réalité qui demeure trop souvent ignorée ou minimisée : la violence envers les femmes et les filles est l’une des violations des droits humains les plus répandues, et elle se manifeste sous des formes multiples et variées. En dépit des avancées en matière de droits humains, cette violence continue de faire des ravages, causant des souffrances physiques, psychologiques et émotionnelles à des millions de femmes chaque année. La violence de genre prend de nombreuses formes : violences physiques, sexuelles, psychologiques, harcèlement, exploitation, mais aussi féminicides, ces meurtres atroces d’une femme tuée par son partenaire ou un membre de sa famille.
Les chiffres sont édifiants et terrifiants. À l’échelle mondiale, près d’une femme sur trois a été victime de violences physiques ou sexuelles au cours de sa vie. En 2023, au moins 51 100 femmes ont été tuées à la suite de violences de genre, soit l’équivalent d’une femme tuée toutes les 10 minutes. Ces statistiques ne sont pas simplement des chiffres : elles représentent des vies brisées, des femmes qui ont perdu leur vie dans l’indifférence de la société et des autorités. Ces meurtres ne sont pas des faits isolés, mais le résultat d’une culture d’impunité, où trop souvent les auteurs de violences ne sont pas poursuivis ni condamnés.
La violence de genre : Une réalité à toutes les échelles
La violence à l’égard des femmes n’épargne aucun coin du monde. De l’Europe à l’Afrique, en passant par l’Asie et les Amériques, elle touche toutes les cultures et toutes les couches sociales. Les femmes subissent la violence non seulement dans leurs foyers, mais aussi sur leur lieu de travail, dans les espaces publics, et, de plus en plus, en ligne. En 2023, les violences en ligne, y compris le cyberharcèlement et la diffusion non consentie d’images intimes, ont pris une ampleur alarmante, exacerbée par l’anonymat et la portée infinie d’Internet.
Les femmes sont également exposées à des violences spécifiques liées à des contextes de guerre, de conflits ou de crises humanitaires. Les femmes migrantes, les réfugiées, ainsi que celles appartenant à des groupes marginalisés, comme les populations autochtones, les femmes handicapées ou les LGBTI, sont particulièrement vulnérables aux violences. Elles sont souvent privées de leurs droits, exploitées sexuellement, et se retrouvent souvent dans une situation où elles ne peuvent ni s’exprimer ni chercher refuge.
Mais la violence ne s’arrête pas à l’individu. Elle a des répercussions profondes sur les sociétés dans leur ensemble. Elle empêche les femmes d’accéder à leurs droits fondamentaux, entrave leur participation pleine et entière dans la société et freine les progrès vers l’égalité des sexes. Cela reste un obstacle majeur au développement durable, à la paix et à la justice sociale.
L’ampleur de la violence en Outre-mer : un appel à l’action
En France, les chiffres des féminicides et des violences domestiques en Outre-mer sont alarmants et nécessitent une attention particulière. En 2022, 13 femmes ont été tuées par leur mari ou leur ex-conjoint dans ces territoires, représentant 11 % du total des féminicides en France, alors que la population ultramarine ne représente que 4 % de la population totale. Cela révèle une gravité et une prévalence de la violence de genre disproportionnées par rapport aux autres régions de France. Des départements comme la Guadeloupe, où une femme sur cinq subit des violences conjugales, ou la Polynésie, avec un taux de signalements de violences fait état d’une réalité terrifiante. Chaque jour, en Polynésie, ce sont 8 signalements de violences faites aux femmes qui sont enregistrés, un chiffre qui met en lumière l’urgence de la situation.
Les causes de cette violence exacerbée dans les territoires d’Outre-mer sont multiples et complexes. Elles incluent l’isolement géographique, la précarité économique, des structures sociales encore marquées par des héritages coloniaux, des violences culturelles et coutumières, ainsi que l’omerta qui empêche souvent les victimes de se manifester. Les femmes dans ces territoires sont souvent livrées à elles-mêmes, avec des dispositifs de prise en charge et d’assistance souvent insuffisants, inégaux d’un territoire à l’autre. À Wallis-et-Futuna, par exemple, il n’existe qu’une seule structure d’hébergement d’urgence pour les femmes victimes de violences, un chiffre qui témoigne de l’ampleur du manque d’infrastructures adéquates.
Des solutions pour agir
Face à ce constat accablant, il est impératif d’agir sur tous les fronts. La campagne Tous UNiS lancée en 2024 pour les 16 Jours d’activisme, qui s’étend du 25 novembre au 10 décembre, a pour objectif d’amplifier la lutte contre la violence de genre à l’échelle mondiale. Son slogan « Toutes les 10 minutes, une femme est tuée. #PasDExcuse. Tous UNiS pour mettre fin à la violence contre les femmes » appelle à une mobilisation globale pour exiger des comptes des responsables politiques, renforcer les législations et garantir que les victimes reçoivent le soutien nécessaire.
Les gouvernements doivent intensifier leurs efforts pour mettre fin à l’impunité en veillant à ce que les auteurs de violences soient poursuivis et punis. Les lois doivent être adaptées et appliquées de manière systématique. Les policiers, les juges, et les autres professionnels doivent être formés pour mieux répondre aux besoins des victimes de violence. Il est également essentiel d’augmenter le financement des organisations féministes et des structures de soutien, qui jouent un rôle crucial dans l’accompagnement des survivantes de violence.
Enfin, la société civile doit s’engager plus activement pour mettre fin à la culture de la violence. Les femmes et les filles doivent être informées de leurs droits, et il est vital de renforcer les campagnes de sensibilisation et d’éducation à la non-violence, à l’égalité et au respect des droits humains. Ce n’est qu’en agissant collectivement que nous pourrons éradiquer la violence envers les femmes et construire un avenir plus juste, équitable et respectueux pour toutes.
À l’occasion de cette Journée internationale, il est plus que jamais urgent de rappeler que la violence à l’égard des femmes n’est pas une fatalité. C’est un choix, celui d’une société qui a décidé de fermer les yeux pendant trop longtemps. Le moment est venu de dire non à cette violence, d’agir pour changer les mentalités et mettre en œuvre des politiques publiques plus ambitieuses et plus efficaces. Les femmes méritent un monde sans violence, un monde de dignité et d’égalité. Il est de notre devoir d’agir dès maintenant, sans attendre.
#PasDExcuse #TousUNiS #StopViolence