— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —
La complexe situation linguistique haïtienne est l’objet, depuis de nombreuses années, de recherches et d’études diverses qui ont contribué à son déchiffrement sur les plans historique, syntaxique, phonologique et lexical. Elle soulève aussi des passions nourries d’approximations, de poncifs et à de clichés qui, la plupart du temps, relèvent de certains partis-pris idéologiques. Malgré cela, il faut admettre que tout citoyen haïtien, peu importe son domaine de spécialisation et d’activité, a le droit de s’exprimer sur la problématique linguistique haïtienne et sur le créole. Il le fait selon sa vision du monde et selon sa compréhension des rapports entre les langues dans la société haïtienne. Les linguistes ont l’obligation d’écouter le propos des non-linguistes et de chercher avec eux à promouvoir une vision rassembleuse fondée sur les sciences du langage. C’est aussi en cela que réside l’une des caractéristiques du débat d’idées, nécessaire, argumenté et documenté, lorsqu’il entend être enrichissant.
À contre-courant du débat d’idées, argumenté et documenté, porté par diverses voix dans la sphère publique, il arrive également que quelques rares intellectuels ou universitaires quittent leurs domaines de compétence pour s’aventurer sur le registre obscur de la diatribe, de la cabale et de l’injure à défaut de pouvoir tenir un discours scientifique sur la complexe situation linguistique haïtienne. L’exemple le plus récent qu’il m’a été donné de lire est le courriel que m’a adressé un universitaire haïtien que je ne connais pas, Monsieur Jimmy FEDNA, le 27 décembre 2022. Sur le site de l’Université Quisqueya il est indiqué, dans l’édition du 23 novembre 2020, à la rubrique « L’équipe de Recherche sur les maladies infectieuses, parasitaires et tropicales (ERMIPT) » [la mention du] « Projet de recherche de Jimmy FEDNA ». Une publication sur Youtube expose ce qui serait éventuellement l’indication d’une autre affiliation institutionnelle de Monsieur Jimmy FEDNA : « MIT-Ayiti/UEH : Pwòf Jimmy FEDNA ap entwodui klasman Bloom sou divès nivo aprantisaj / Prof. FEDNA introduces the Bloom Hierarchy at a MIT-Haiti Workshop on the Campus Henry Christophe of the State University of Haiti at Limonade, August 24, 2015 (lien : https://www.youtube.com/watch?v=J3LKm9BLcww).
Je cite intégralement le courriel de Monsieur Jimmy FEDNA, chercheur à l’Université Quisqueya, parce qu’il éclaire et situe le niveau de réflexion de son auteur. Cela est d’autant plus nécessaire que c’est la première fois que je reçois une correspondance de cette teneur de la part d’un universitaire haïtien… Ces dernières années, mes chroniques linguistiques parues en Haïti dans Le National –sur des sujets relevant de mes champs de compétence : l’aménagement linguistique, la terminologie, la lexicographie–, m’ont valu de nombreux messages positifs d’appréciation et trois courriels dans lesquels des correspondants, d’un ton courtois et respectueux, m’ont communiqué sans détours leurs désaccords. Voici donc le courriel de Monsieur Jimmy FEDNA :
« Olye pou w reponn akizasyon Degraff yo ou prefere ap chache louvri yon nouvèl polemik ak mwen. Ou tèlman gen TANPERAMAN RESTAVÈK ou panse tout moun se menm. Se grav wi sa Degraff di sou ou yo ou sanble ou pa konprann. Se di Degraff di OU SE VOLÈ wi. Se bagay POU W TA PRAN PRIZON wi nan peyi serye oswa pou Degraff ta peye amand wi si li ap bay manti. Olye pou w demanti Degraff ak bon jan prèv se lòt polemik ou vle louvri. Monchè m wè anba w. Ou pap jwenn mwen paske m pa gen tan pou m pale ak BLOFÈ. M pral bloke ni ou ni Degraff nan polemik sa. Lasyans avanse tou gras ak kontwovès syantifik (scientific controversy). M t ap kontan li echanj ou menm ak Degraff si se te yon bagay kon sa. Men echanj ou menm ak Degraff se de RADÒT ki ap fè moun pèdi tan. » [Les majuscules en gras sont de moi, RBO]
À la lecture de ce courriel –qui ne fait référence à aucun de mes articles parus en Haïti et en outre-mer–, chaque lecteur est en mesure de comprendre à quel niveau se situent les capacités analytiques de cet universitaire et quels sont les objectifs visés par sa diatribe violemment haineuse, injurieuse et diffamatoire, qui n’a rien à voir avec les sciences du langage et encore moins avec le bien-fondé du débat d’idées sur la situation linguistique d’Haïti, un débat d’idées pourtant nécessaire mais qui doit être argumenté et documenté afin d’être éclairant et enrichissant. Il est attesté que la fonction illocutoire de la diatribe haineuse est de néantiser la parole de l’Autre en l’enfouissant sous les décombres du salmigondis où il n’est guère nécessaire d’argumenter de manière méthodique, documentée et convaincante. La diatribe haineuse, la plupart du temps parée des habits de l’insulte, participe également du déni anxieux et compulsif de l’esprit critique et de la confrontation argumentée des idées. Le cadre de cet article de vulgarisation linguistique ne se prête pas à l’interrogation de la dimension psychanalytique de la diatribe haineuse et de l’insulte. Il y a lieu toutefois de signaler une fort éclairante étude de Damien Guyonnet, « L’injure dans la psychose » parue dans la revue Recherches en psychanalyse (2011/2, n° 12). Dans ce texte, Damien Guyonnet rapporte fort à propos l’interrogation de Laurence Rosier, auteure du « Petit traité de l’injure » (Éditions Labor, 2006) : « Nous disons « injure », mais qu’est-ce qui différencie ce terme de celui d’insulte ? Voici ce qu’en dit [Laurence] Rosier : « Les étymologies soulignent que ces termes indiquaient au départ des actes néfastes pour autrui. Insulter (insultare : sauter sur), c’est faire acte d’agression, et injurier, c’est provoquer des dommages. »
Je demeure totalement ouvert au débat d’idées, y compris à une vigoureuse polémique lorsque, exceptionnellement, cela s’avère nécessaire, mais je me dois de rappeler à Monsieur Jimmy FEDNA qu’aucun de mes textes publics ne loge à l’enseigne de la diatribe violemment haineuse, injurieuse et diffamatoire. D’ailleurs si tel avait été le cas, la direction du journal Le National –et celle des sites Potomitan (Suisse/Antilles), Montray kreyòl, Fondas kreyòl et Madinin’Art (Martinique), Médiapart (France) et Rezonòdwès (États-Unis)–, aurait refusé de publier mes articles de 2011 à 2022… Si tel avait été le cas, mes éditeurs en Haïti et au Canada –les Éditions de l’Université d’État d’Haïti, les Éditions Zémès, les Éditions du Cidihca–, auraient tous refusé de publier chacun de mes livres de linguistique élaborés de 2011 à 2021… Je reconnais à Monsieur Jimmy FEDNA le droit de consulter les 181 articles que j’ai publiés sur le site Potomitan de 2011 à 2022, il y trouvera des textes aussi pertinents que nécessaires à la réflexion sur la problématique linguistique haïtienne. En voici quelques-uns : « L’amendement constitutionnel de mai 2011 annonce-t-il un coup d’État contre la langue créole d’Haïti ? » ; « Du « sponsor » au « commanditaire » : fenêtre ouverte sur la traductologie créole » ; « Pour mieux comprendre la dimension linguistique de la qualité de l’éducation en Haïti » ; « Les grands chantiers de l’aménagement linguistique d’Haïti (2017 – 2021) » ; « Remarques sur « Le français haïtien, une variété à part entière » ; « Faut-il exclure le français de l’aménagement linguistique en Haïti ? » ; « Droits linguistiques et droits humains fondamentaux en Haïti: une même perspective historique » ; « La politique linguistique éducative doit être, en Haïti, au cœur de la refondation du système éducatif national » ; « Le droit à la langue maternelle créole dans le système éducatif haïtien » ; « Partenariat créole/français – Plaidoyer pour un bilinguisme de l’équité des droits linguistiques en Haïti » ; « Aménagement et «didactisation» du créole dans le système éducatif haïtien: pistes de réflexion » ; « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique » ; « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » ; « L’aménagement simultané du créole et du français en Haïti, une perspective constitutionnelle et rassembleuse ».
Publié en Haïti dans Le National du 20 décembre 2022, mon article « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » expose un ample éclairage sur l’incontournable exigence de base des chantiers lexicographiques où s’élaborent dictionnaires et lexiques : LA NÉCESSITÉ D’AVOIR SYSTÉMATIQUEMENT RECOURS À LA MÉTHODOLOGIE DE LA LEXICOGRAPHIE PROFESSIONNELLE.
De manière synthétisée, voici en quoi consiste la méthodologie de la lexicographie professionnelle.
Modélisation du dispositif méthodologique de la lexicographie contemporaine : les différentes étapes d’élaboration du dictionnaire
Étape 1 : élaboration de la politique éditoriale : quel type de dictionnaire et quel public-cible ? |
Étape 2 : détermination du corpus à dépouiller et mise en œuvre du dépouillement de diverses sources documentaires. |
Étape 3 : établissement de la nomenclature du dictionnaire, rédaction des définitions, choix des exemples illustratifs et des notes |
Étape 4 : rétroaction après diffusion du dictionnaire et mises à jour |
Taille et format choisis : papier et/ou numérique. |
Sources documentaires : dictionnaires antérieurs (Littré, Larousse, Robert, etc.), œuvres littéraires et scientifiques, journaux et revues, corpus lexicaux informatisés, banques de données lexicales et banques de données terminologiques en ligne. |
Application des critères de sélection des mots et des synonymes : attestations écrites, fréquence d’usage du mot, néologisme en cours d’implantation, terme doté d’un sens nouveau, niveaux de langue. Rédaction de la « Préface » ou du guide d’utilisation du dictionnaire (exposé de la méthodologie). |
La rétroaction participe de la « veille lexicographique » et est en lien avec les étapes 2 et 3. |
Il y a lieu de préciser que ce dispositif méthodologique de la lexicographie contemporaine est enseigné, à travers le monde, dans toutes les Facultés offrant une spécialisation en lexicographie. Il est d’usage courant dans toutes les équipes de rédaction des dictionnaires usuels de la langue (Le Robert, USITO, Le Larousse, Hachette, etc.), ainsi que dans l’élaboration des dictionnaires thématiques spécialisés. En lexicographie haïtienne, ce dispositif méthodologique a guidé l’élaboration, par exemple, du « Dictionnaire de l’écolier haïtien » (Éditions Hachette-Deschamps / EDITHA, 1996) d’André Vilaire Chery et de son équipe ; du « Dictionnaire de l’évolution du vocabulaire français en Haïti » (tomes 1 et 2) d’André Vilaire Chery (Éditions Édutex, 2000 et 2002) ; du « English-Haitian Creole Bilingual Dictionnary » d’Albert Valdman et al. (Indiana University / Creole Institute, 2017). La modélisation du dispositif méthodologique de la lexicographie professionnelle renvoie à la définition même de la lexicographie et aux traits généraux de la description de l’activité lexicographique : « La lexicographie est la branche de la linguistique appliquée qui a pour objet d’observer, de recueillir, de choisir et de décrire les unités lexicales d’une langue et les interactions qui s’exercent entre elles. L’objet de son étude est donc le lexique, c’est-à-dire l’ensemble des mots, des locutions en ce qui a trait à leurs formes, à leurs significations et à la façon dont ils se combinent entre eux » (Marie-Éva de Villers : « Profession lexicographe » (Presses de l’Université de Montréal, 2006).
À l’appui de la démarche analytique de mon article paru dans Le National du 20 décembre 2022, « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine », j’ai consigné plusieurs exemples de modélisation des rubriques lexicographiques d’une dizaine de dictionnaires et lexiques de grande qualité méthodologique (voir plus bas) qui ont enrichi la lexicographie haïtienne. Pour mémoire : le corpus dictionnairique haïtien, selon les recherches que j’ai effectuées, comprend 64 dictionnaires et 11 lexiques, soit un total de 75 ouvrages.
Le nombre relativement élevé de cette production lexicographique pourrait faire illusion et tenir lieu d’un improbable indice de qualité. Mais l’Illusion ne doit pas obstruer l’esprit critique et il faut prendre toute la mesure du fait que la majorité des dictionnaires et lexiques du corpus dictionnairique haïtien comprend des ouvrages qui ne dépassent pas le niveau amateur : ils ont été élaborés par des personnes qui ne disposaient d’aucune compétence avérée en lexicographie générale et en lexicographie créole. C’est notamment le cas des deux seuls dictionnaires unilingues créoles (le Vilsen et le Trouillot) qui sont lourdement lacunaires au plan du contenu défaillant et souvent erratique des rubriques notionnelles. Ils n’ont pas été élaborés selon la méthodologie de la lexicographie professionnelle (voir mes articles « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl Vilsen », Le National, 22 juin 2020 et « Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl karayib » de Jocelyne Trouillot », Le National, 12 juillet 2022). Quant à lui, le très médiocre « Glossary of STEM terms from the MIT – Haiti Initiative » –élaboré au sein de l’équipe du linguiste Michel DeGraff par des personnes qui ne disposent d’aucune compétence avérée en lexicographie générale et en lexicographie créole–, constitue un ample naufrage, une véritable « arnaque lexicographique ». En dépit des hasardeuses prétentions lexicographiques affichées sur le site du MIT – Haiti Initiative –« nous enrichissons la langue d’un nouveau vocabulaire scientifique (…) » [qui contribue au] développement lexical de la langue créole »–, le « Glossary » du MIT Haiti Initiative demeure un ouvrage essentiellement amateur, pré-scientifique et pré-lexicographique. Il a été bricolé dans un épais brouillard méthodologique et la plupart de ses équivalents « créoles » sont fantaisistes, erratiques, faux ou non conformes au système morphosyntaxique du créole (voir mon bilan analytique consigné dans deux articles, « Le traitement lexicographique du créole dans le « Glossary of STEM terms from the MIT – Haïti Initiative », Le National, 21 juillet 2020, et « Le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haiti Initiative », Le National, 15 février 2022 ; voir aussi mes articles « Dictionnaires et lexiques créoles : faut-il les élaborer de manière dilettante ou selon des critères scientifiques ? », Le National, 28 juillet 2020, et « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, 14 décembre 2021). Par-delà ces productions lexicographiques amplement défaillantes, plusieurs dictionnaires et lexiques haïtiens méritent d’être mieux connus en raison de leurs qualités méthodologiques et de la pertinence de leur contenu.
Identification des productions lexicographiques haïtiennes élaborées en conformité avec la méthodologie de la lexicographie professionnelle (10 sur 75)
|
Henry Tourneux, Pierre Vernet et al. |
1976 |
Éditions caraïbes |
and II) |
Albert Valdman (et al) |
1981 |
Creole Institute Bloomington University |
|
Henry Tourneux |
1986 |
CNRS/ Cahiers du Lacito |
|
Pierre Vernet, B. C. Freeman |
1988 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
|
Pierre Vernet, B. C. Freeman |
1989 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
|
Bryant Freeman |
1989 |
Sant lengwistik aplike, Inivèsite Leta Ayiti |
|
André Vilaire Chery et al. |
1996 |
Hachette-Deschamps / EDITHA |
|
André Vilaire Chery |
2000 et 2002 |
Éditions Édutex |
|
Albert Valdman |
2007 |
Creole Institute, Indiana University |
|
Albert Valdman, Marvin D Moody, Thomas E Davies |
2017 |
Indiana University Creole Institute |
L’article « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » prolonge, amplifie et systématise la réflexion analytique contenue dans mon « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » (Le National, 21 juin 2022). L’article « Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine » expose également des paramètres herméneutiques étroitement liés à l’activité dictionnairique : pour travailler au périmètre d’une dictionnairique moderne arrimée à son socle méthodologique sûr et opérationnel, la lexicographie haïtienne –sur ses versants créole et français–, doit impérativement rompre avec l’amateurisme qui caractérise nombre de ses productions. Elle doit ainsi rompre avec la vulgate selon laquelle n’importe quel locuteur du créole, porteur ou pas d’une bavarde pensée magique mais dépourvu de toute qualification en lexicographie, s’auto-proclame « lexicographe » et se croit compétent pour rédiger des dictionnaires et des lexiques créoles (voir mes articles « Dictionnaires et lexiques créoles : faut-il les élaborer de manière dilettante ou selon des critères scientifiques ? », Le National, 28 juillet 2020, et « Plaidoyer pour une lexicographie créole de haute qualité scientifique », Le National, 14 décembre 2021).
Ma contribution à la réflexion sur les défis de la lexicographie haïtienne contemporaine prend également appui sur les études de grande amplitude analytique du linguiste-lexicographe Albert Valdman, auteur entre autres de « Vers un dictionnaire scolaire bilingue pour le créole haïtien ? », revue La linguistique, 2005/1 (vol. 14) ; voir aussi un article précédent d’Albert Valdman, « L’évolution du lexique dans les créoles à base lexicale française » paru dans L’information grammaticale no 85, mars 2000). Le « métalangage » (le langage spécialisé que l’on utilise pour décrire une langue naturelle) qu’évoque Albert Valdman dans son article de 2005 renvoie à l’ample et complexe problématique de la « didactisation » du créole (voir à ce sujet, entre autres, le remarquable et fort instructif article du linguiste Renauld Govain, « Pour une didactique du créole haïtien langue maternelle » rédigé avec la collaboration de la linguiste Guerlande Bien-Aimé et paru dans le livre collectif de référence « La didactisation du créole au cœur de l’aménagement linguistique en Haïti » (ouvrage coordonné et co-écrit par Robert Berrouët-Oriol, Éditions Zémès, Port-au-Prince, et Éditions du Cidihca, Montréal, mai 2021). Ce livre collectif de référence comprend les contributions inédites de 15 spécialistes de la créolistique parmi lesquels Renauld Govain, Lemète Zéphyr, Albert Valdman, Hugues Saint-Fort, Bartholy Pierre Louis, Georges Daniel Véronique, Pierre-Michel Laguerre…
À l’instar de la traduction, la lexicographie est une profession qui s’acquiert par la formation universitaire couplée aux stages en immersion supervisée. Un programme pionnier de formation en lexicographie a été mis en route ces dernières années à la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti en collaboration avec l’association franco-haïtienne LEVE. La lexicographie est aussi inscrite au programme de formation de l’ESTI (École supérieure de traduction et d’interprétation) fondée récemment en Haïti. L’État haïtien devra leur fournir les moyens budgétaires d’accomplir leur mission institutionnelle de formation, au creux de la future politique d’aménagement simultané de nos deux langues officielles, le créole et le français.
Montréal, le 28 décembre 2022