VIDÉO – Avec six spots mettant en scène des agressions racistes et antisémites, le gouvernement lance ce dimanche une campagne de sensibilisation pour dénoncer les préjugés et provoquer une prise de conscience.
«Le racisme, l’antisémitisme, les actes antimusulmans, ça commence par des mots, ça finit par des crachats, des coups, du sang». C’est sur ce message que se terminent six vidéos mettant en scène des agressions racistes ou antisémites. À la veille de la journée mondiale pour l’élimination de la discrimination raciale, le gouvernement a lancé une campagne choc intitulée #TousUnisContrelaHaine pour dénoncer les préjugés et provoquer une prise de conscience.
Ici une tête de porc sur la grille d’une mosquée. Là, un jeune Noir roué de coups. Là encore, un tag «mort aux Juifs» sur une porte de synagogue. Inspirées de faits réels, ces séquences de trente secondes sont toutes construites de la même manière: une agression filmée avec un smarphone, avec en fond sonore une conversation, relayant des clichés racistes couramment véhiculés sur la communauté concernée. Jusqu’à ce qu’une voix s’élève et leur lance: «Vous êtes sérieux là? Vous croyez vraiment ce que vous dites?»
#TousUnisContrelaHaine. Combattre le racisme 2 by gouvernementFR
Racisme et antisémitisme en hausse en 2015
Cette campagne intervient alors que la France a connu une recrudescence de la haine raciste et antisémite l’an dernier. Ces actes et menaces ont bondi de 22% en 2015, avec, notamment pour les actes antimusulmans qui ont plus que triplé en un an, un pic après les attentats de janvier et novembre. Au total, 2.032 actions et menaces racistes, antisémites et antimusulmanes ont été enregistrées, selon les chiffres de la Dilcra (Délégation interministérielle de lutte contre le racisme et l’antisémitisme) communiqués en janvier. Soit 5 actes par jour en 2015. Une partie de ces chiffres avaient déjà été communiqués par le ministre de l’Intérieur en janvier dernier.
Plus de 2000 actes et menaces racistes,antisémites et antimusulmans en 2015
La campagne, qui renvoie vers le mot-dièse #TousUnisContrelaHaine, est lancée à la demande du Premier ministre. Dimanche soir, Manuel Valls a d’ailleurs relayé plusieurs de ces spots sur Twitter. «Avec la campagne #TousUnisContrelaHaine, le gouvernement souhaite faire prendre conscience du caractère inacceptable de cette situation», souligne un communiqué. Après les attaques contre Charlie Hebdo et l’HyperCacher en janvier 2015, Manuel Valls avait martelé que les Français juifs «ne devaient plus avoir peur d’être juifs» et «les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans».
#TousUnisContrelaHaine. Combattre les actes… by gouvernementFR
Sur les chaînes télévisées jusqu’au 10 avril
Le site internet consacré à cette campagne de sensibilisation rappelle aux victimes qu’elles peuvent porter plainte auprès des services de police ou de gendarmerie. Pour les contenus illicites en ligne, le gouvernement invite les internautes à faire un signalement sur la plateforme Pharos. «La loi interdit et sanctionne le racisme et l’antisémitisme sous toutes ses formes», peut-on lire sur le site #TousUnisContrelaHaine. Par exemple, l’auteur d’une injure raciste publique encourt jusqu’à six mois d’emprisonnement et 22.500 euros d’amende. Lorsqu’elle est publique, la provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciste est passible d’un an de prison et de 45.000 euros d’amende. Quand il s’agit d’actes, et non plus simplement de mots, les infractions sont alors aggravées par la circonstance de racisme ou d’antisémitisme.
Cette campagne, diffusée sur la plupart des chaînes de télévision jusqu’au 10 avril, coïncide avec la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, du 21 au 28 mars. D’un coût de 3 millions d’euros, elle s’inscrit dans le cadre du «plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme» doté de 100 millions d’euros sur trois ans. En novembre dernier, les associations (SOS Racisme, LDH…) avaient lancé leur propre campagne média, dans le cadre de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme labellisée «grande cause nationale» en 2015.