Toni Morrison, Prix Nobel de littérature, est morte

Toni Morrison (de son vrai nom Chloe Ardelia Wofford), née le 18 février 1931 à Lorain en Ohio et morte le 5 août 2019, est une romancière, essayiste, critique littéraire, dramaturge, librettiste, professeure de littérature et éditrice américaine. Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988, et du prix Nobel de littérature en 1993. Elle est à ce jour la huitième femme (et seul auteur afro-américain) à avoir reçu cette distinction.

C’est le roman Beloved, dont l’édition française remonte à 1989, qui a fait connaître Toni Morrison en France. Mais sa notoriété américaine était venue dix ans plus tôt, coup sur coup, en l’espace de deux romans : Sula (1973) et Le Chant de Salomon (1977).

Biographie
Née dans une famille ouvrière de quatre enfants, Toni Morrison s’intéresse très tôt à la littérature et se passionne en particulier pour les œuvres de Jane Austen et de Léon Tolstoï. Elle s’inscrit à l’université Howard en 1949 pour étudier la littérature et soutient un mémoire sur le thème du suicide chez William Faulkner et Virginia Woolf en 1953 à l’université Cornell. Après son diplôme, elle entame une carrière de professeur à l’université de Texas Southern, avant de retourner à Howard, alors réservée aux Noirs.

En 1958, elle épouse Howard Morrison, avec qui elle a deux enfants. Après son divorce en 1964, elle s’installe à Syracuse puis à New York et travaille comme éditrice chez Random House. Chargée du secteur de la littérature noire, elle contribue à sa promotion, en éditant notamment les autobiographies de Mohamed Ali et Angela Davis et une anthologie d’écrivains noirs, The Black Book, en 1973. Parallèlement, elle enseigne l’anglais à l’université d’État de New York, avant d’obtenir un poste de professeur de littérature à l’université de Princeton où elle reste en activité jusqu’en 2006. Elle vivait à Princeton.

Elle écrit son premier roman, The Bluest Eye, à l’âge de 39 ans. Elle obtient le prix Pulitzer pour Beloved, en 1988 et reçoit le prix Nobel de littérature le 7 octobre 1993 pour l’ensemble de son œuvre. L’Académie suédoise récompense ainsi « son art romanesque, caractérisé par une puissante imagination et une riche expressivité, brosse un tableau vivant d’une face essentielle de la réalité américaine. ». En 2005, elle est nommée docteure honoris causa en arts et littérature de l’université d’Oxford, puis en 2011, de l’université de Genève. En 2006, le jury du supplément littéraire du New York Times consacre Beloved,« meilleur roman de ces 25 dernières années » et en novembre de la même année, le musée du Louvre fait de Toni Morrison son invitée d’honneur, proposant un programme de lectures, rencontres et conférences avec l’auteur et ses amis artistes, écrivains ou professeurs.

Depuis 2002, elle s’investit également dans la littérature pour enfants avec son fils Slade Morrison (qui meurt en 2010 à l’âge de 45 ans). Elle prend la direction du magazine The Nation.

Son roman le plus connu et le plus vendu,Beloved, a été adapté au cinéma en 1998 par Jonathan Demme avec Oprah Winfrey, Danny Glover et Thandie Newton dans les rôles principaux.

Opinions politiques
Aux États-Unis, les propos de Toni Morrison concernant Bill Clinton ont fait grand bruit lorsqu’elle a qualifié celui-ci de « premier Président noir américain », expliquant son idée par le fait que « Clinton présente toutes les caractéristiques du citoyen noir : un foyer monoparental, une origine très modeste, une enfance dans la classe ouvrière, une grande connaissance du saxophone et un amour de la junk food digne d’un garçon de l’Arkansas. ». Cette opinion a été adoptée par les supporters de Clinton notamment au Congrès électoral des Noirs américains (« The Congressionnal Black Caucus »: the CBC) ou au contraire tournée en dérision par ses détracteurs. L’animateur républicain et conservateur Rush Limbaugh fait souvent référence, de manière sarcastique, à l’ancien président en ces termes. Toni Morrison a apporté publiquement son soutien à Barack Obama lors de l’investiture démocrate puis pour sa campagne aux élections présidentielles de 2008 et 2012. Le président Barack Obama la décore par ailleurs de la Médaille présidentielle de la Liberté fin 2012.