L’artiste brésilien, en tournée, puise dans la culture bantoue et a trouvé en elle un souffle vital.
Le chanteur-guitariste Tiganá Santana est aujourd’hui le trésor le mieux caché du Brésil. S’il est caché, c’est parce qu’il vit sur la canopée, survolant la jungle des afro-sambas découverte il y a presque quarante ans par Baden Powell et Vinícius de Moraes. Mais même s’il devenait plus connu que Michael Jackson, Tiganá Santana resterait secret. Car les mystères, et les solutions, sont dans sa musique : trois albums (Maçalê en 2010, The Invention of Colour en 2012, Tempo & Magma aujourd’hui) de folk mystique, clair-obscur, brésilien mais d’abord aérien, unique en son genre.
A l’époque de son deuxième album, les critiques occidentaux l’avaient comparé à Nick Drake. Pour sa voix grave, douce et suspendue, on pense plutôt au folk-singer américain Terry Callier, période The New Folk Sound. La voix de Tiganá Santana est basse et ambiguë, un falsetto délicat, translucide, comme patiné, venu de très loin, la voix qu’on entend en collant un coquillage marin contre son oreille. Tiganá Santana chante comme un violoncelle, ou comme la trompette de Chet Baker, ou comme si Chet Baker avait joué du violoncelle.
Mais comparaison n’est pas raison, et Tiganá Santana est du côté de la raison, de la pensée artistique, de la recherche. Dans les notes de pochette de son premier album il écrit :
“J’offre cette musique à la possibilité d’inventer la passion quand la vie est absente, l’invisibilité quand seule la vie est présente, ou simplement pour nourrir ceux qui mangent le vide.”
Originaire de Salvador de Bahia au Brésil
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