Du 24 avril au 27 mai 2017 à Tropiques-Atrium
— Par Christian Antourel —
Née à Saut Tampack village Teko d’Amazonie situé dans la commune de Maripasoula sur la rivière Alawa. Fille de chamane et musicien, elle a été élevée entre deux cultures Teko et Wayana. Son travail se nourrit de ces deux identités graphiques. L’artiste se consacre à la création artistique des arts premiers de Guyane, sur la commune de Macouria-Tonate Elle est plasticienne professionnelle depuis une vingtaine d’années.
Ti’ Iwan Couchili a jeté son dévolu sur l’élaboration, réalisation de ciels de kaz (case) L’artisanat, creuset culturel de la Guyane, reflet de son métissage sociétal raconte la mémoire de chacune des composantes du peuple de Guyane. Le ciel de case ou Maluwana en amérindien est une œuvre d’art authentique fabriquée dans le contrefort du fromager, l’élément essentiel du carbet communautaire gravé de créatures des temps anciens réels ou mythiques. Il est installé au centre du dôme du grand carbet circulaire que compte chaque grand village (le Tuksipan).Il protège ce lieu de vie collective et d’échanges et tous ceux qui s’y rassemblent, rappelle l’histoire de la communauté, défend la fraternité, le respect, l’alliance entre les hommes. Evoque les liens entre les esprits et la nature. A l’origine, les symboles qui y sont peints représentent les monstres que le chef Kaliwa et ses hommes ont traqué lors de la genèse du peuple Wayana, il y a plusieurs milliers d’années. Depuis les symboles ont varié mais puisent surtout dans le registre de la faune amazonienne suivant l’inspiration propre de chaque artiste. Les Tékos décoraient le carbet avec des crânes humains prises de guerre à l’ennemi. Faisant des recherches sur sa propre culture, l’artiste est allée à la rencontre d’anciens motifs. Résultat d’un savoir faire d’une génération d’artistes à l’autre, le ciel est l’œuvre de connaisseurs et symbolise toute la richesse et la complexité de la culture Teko et de son rapport au monde. L’itinéraire conceptuel et l’expérience esthétique de Ti’Iwan Couchili font d’elle une magicienne reconnue de cet art. Elle a hérité d’un patrimoine artistique ainsi que d’une éthique et les ferments d’une spiritualité .Porteuse d’une tradition vivante l’état de l’artiste confine à l’extase. S’étonnera-t-on qu’elle parcoure le monde ? Délaissant la peinture acrylique, elle renoue avec une vieille coutume technique traditionnelle Wayana tombée en désuétude, l’utilisation de pigments naturels. Depuis ses débuts, sa démarche s’est placée sous le signe de la réinterprétation des identifiants graphiques Teko et Wayana. Son travail reconstruit les symboles, introduit de nouvelles formes, exhume d’anciens styles, utilise des procédés iconographiques en provenance d’autres supports (peinture faciale et corporelle, vannerie, tissage) La plasticienne se voue à la sauvegarde, à la transmission de ce patrimoine artistique. Sobriété, justesse de ton, technique sans faille, élans parfaitement contrôlés. Emotions à chaque phase, Imagination spontanée, audace et précision, lucidité et rupture, tels sont les traits qui caractérisent sa personnalité dans une ouverture au monde chaque fois revendiquée. D’autres réalisent des ciels, entretiennent une relation d’amour et de respect avec leur art et partagent le même héritage. Pourtant chacun conserve une personnalité et un style originaux Aussi bien que certaines des œuvres de Ti’ Iwan Couchili sont gérées par un geste inaugural, fondateur. Elle a su amplement montrer qu’une certaine douceur nostalgique ne s’oppose en rien à la trempe dynamique de son art et à sa passion. Le destin semble l’avoir choisie pour incarner les nécessaires passerelles entre la force inextinguible des traditions ancestrales et l’attrait des modernités picturales. La tendresse et
l’humour le disputent a la gravité, tout est juste, tout est maitrisé… pourquoi s’en priver ?
En pratique !
A Tropiques Atrium
Galerie La Véranda
Du 24 avril au 27 mai 2017
Informations : 05 96 70 79 29.
Christian Antourel