— Par Michèle Césaire —
Le théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France vit intensément, c’est un lieu de débats, de confrontations, de renouvellement artistique, un épicentre où s’épanouissent les idées créatrices.
Après avoir proposé au public des cycles d’auteurs, les thématiques choisies ont été ces deux dernières saisons la résistance et la liberté d’expression.
Il est vrai que la fonction du théâtre dans notre salle est de participer au débat sociétal et de redonner une place humaine à l’individu.
C’est donc tout naturellement que le fil conducteur, le vecteur de pensée de cette saison 2016-2017 sera la condition féminine.
Il y a peu de reconnaissance dans notre société pour les femmes qui y occupent cependant une place prépondérante et participent activement à toutes les luttes.
Nous saluerons lors de cette nouvelle saison :
• La Femme forcée mais révoltée et imprévisible.
• La Femme éducatrice.
• La Femme déesse, accoucheuse de vérités.
• La Femme vengeresse.
Le public découvrira d’octobre 2016 à juin 2017, 9 spectacles hormis la rencontre Théâtre Amateur du mois de mai :
• Noces de sang : une tragédie populaire d’après un fait divers réel où la femme est au centre du drame, une pièce dans laquelle le verbe de Garcia Lorca et sa force poétique sont à leur sommet. La mise en scène de William Mesguich est inspirée, les comédiens du Théâtre de l’Etreinte, brillants, multi- formes et subtils.
• La Mère confidente : un petit bijou du théâtre une comédie dont l’esthétique convient parfaitement à notre salle à l’italienne. La mise en scène magique est signée Xavier Lemaire, un spécialiste de Marivaux.
• Le journal d’une femme de chambre d’après Octave Mirbeau, mis en scène par Philippe Person.
Comment ne pas être sensibilisé au témoignage et au journal de cette Femme de chambre, une version théâtre référencée cinéma, alors que notre société antillaise connaît bien le rôle au sein des familles, de la servante, exutoire des patrons, des grands mais aussi des petits. Toutefois, si la Femme est au centre de notre programmation, il s’agit avant tout de parler de l’Humain, de son désarroi, de ses conditions de vie, de mort, et de ses espoirs. Ces thèmes graves mais essentiels sont ceux d’auteurs importants, contemporains, vivants et choisis d’ailleurs par les deux metteurs en scène caribéens qui nous présenteront cette saison, leurs créations 2017.
Nous saluons donc la création contemporaine locale avec :
• Ezuli Dahomey, déesse de l’amour de Jean-René Lemoine. Mise en scène par Nelson-Raphaël Madel.
• La Otra Orilla (L’autre rive) de Ulises Cala. Mise en scène de Ricardo Miranda
Il y a une 3 ème création à retenir et à ne pas rater, celle de la compagnie des Asphodèles :
Les Irrévérencieux 2 d’après Le quatrième mur de Sorj Chalandon, prix Goncourt 2014 des lycéens. (Le premier volet a remporté dans notre salle en 2016, un vif succès).
La troupe avec la même équipe continue sa réflexion sociale sur le théâtre mêlant Commedia dell’arte, human beatbox, danse hip-hop, mais pour traiter du drame de la guerre.
Il est vrai que l’humain c’est aussi la violence des rapports au quotidien et des traumatismes qui en résultent :
• O vous Frères Humains d’Albert Cohen, mise en scène élégante d’Alain Timar, directeur du Théâtre des Halles d’Avignon. La parole est profonde, la distribution choisie est signifiante et renforce la dramaturgie du texte.
• La férocité des hommes relatée dans Les cavaliers le grand roman d’aventures de Joseph Kessel adapté pour la scène par Eric Bouvron ; une chanson de gestes, un conte théâtralisé épique, un spectacle complet d’une grande beauté, une réussite totale, plébiscitée à Avignon puis à Paris et qui parlera à notre culture dont l’assise est l’oralité .
Nous terminerons toutefois la saison en juin avec une comédie Public or not public relatant l’histoire du théâtre par la Compagnie de l’Esquisse et mise en scène par un maître, Monsieur Carlo Boso.
Le théâtre est notre porte ouverte sur l’espoir, nous donne la force de regarder demain
.
Bienvenue à tous…
Michèle CESAIRE