Avant-propos de Michèle Césaire
Après dix ans consacrés au développement du théâtre Aimé Césaire et la fidélisation acquise du public dans un contexte culturel qui demeure difficile, il m’a semblé important pour cette saison de proposer la thématique de la résistance créatrice, chère à Aimé Césaire dont notre théâtre porte le nom. Et si l’imaginaire prenait le pouvoir ? C’est un vieux slogan que se sont appropriés les créateurs de tous bords. La démarche est de proposer au public des oeuvres contemporaines ou classiques, avec des mises en scène modernes sinon intemporelles. Il s’agit avant tout de faire découvrir au public un art complet et de communiquer notre envie de théâtre. Il y aura donc cette saison, hormis le volet «Résistance », des classiques revisités.
En octobre
« Sacco et Vanzetti » d’Alain Guyard, pour comprendre une période d’histoire contemporaine (1927) où la censure et la justice étaient utilisées comme armes de guerre afin de maintenir la population dans une ignorance dangereuse et falsificatrice.
En novembre
Un clin d’oeil à un révolté irrévérencieux se fera avec « Un roman de Renart, sensuel et truculent » (c’est l’orthographe et la langue de l’époque). Un récit interprété par un formidable conteur, Maurice Baud qui dialogue avec une grande violoncelliste Marie-Claude Douvrain.
En décembre
« Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » de Musset. Cette joute amoureuse est vue cette fois du côté des domestiques.
En janvier
« Résister c’est exister » (1939-1945). Le titre est clair, percutant et combien parlant pour notre histoire insulaire marquée du sceau de l’asservissement et de la résignation. François Bourcier, comédien hors pair, incarne une vingtaine de rôles et de personnages construits à partir de témoignages réels.
En mars
« Partisans » qui nous relate la mise en place (en 1943) du programme du Conseil National de la Résistance par un réseau de jeunes militants combattant l’oppresseur et l’occupant.
En avril
« Célimène et le Cardinal », une suite possible du Misanthrope de Molière, dans laquelle la femme résiste, se libère des contraintes sociales et éducatives. La résistance proprement dite sera illustrée et nourrie par trois pièces historiques et politiques.
En mai
Se tiendra comme à l’accoutumée la rencontre du théâtre amateur qui sera rehaussée de créations contemporaines et d’invités professionnels de la Caraïbe.
En juin
La saison se terminera avec «Revoleo», du Flamenco contemporain et métissé dans l’enthousiasme communicatif de la troupe de Luis de la Carrasca. Faire de ce lieu historique de Fort-de-France un théâtre d’idées, social et émancipateur, est capital. Le but de notre action culturelle est de construire un programme à l’assise identitaire forte et libre sans restriction géographique afin de privilégier l’humain, la connaissance et l’acceptation de l’autre.
Bon voyage culturel et théâtral 2014-2015.
Michèle CÉSAIRE