Samedi 28 mars 2015 20h à l’Atrium
D’Athol Fugard, John Kani et Winston Ntshona
Compagnie Deux Temps Trois Mouvements
Adaptation française : Marie-Hélène Estienne
Mise en scène : Hassane Kassi Kouyaté
Assistanat mise en scène : Peter Tournier
Scénographie : Sarah Lefèvre
Création lumière : Cyril Mulon
Avec Hassane Kassi Kouyaté et Habib Dembélé
Résister par tous les moyens...
SYNOPSIS
L’île de Robben Island, deux hommes, qui, chaque matin, entrent dans un cycle de labeur qui détruit l’âme et efface l’esprit sous un soleil brûlant.
Le soir, dans leur cellule, aussi mort qu’ils peuvent l’être, ils recommencent à vivre en parlant, en riant, et surtout en essayant de ne pas se couper du monde. Pour cela l’imaginaire est leur seul échappatoire. Un rituel quotidien : l’un d’eux ramasse une tasse et passe un appel longue distance pour New Brighton. Ils parlent à la famille et aux amis… Mais surtout, la préparation d’une pièce de théâtre : Antigone. Elle doit être prête pour la fête de la prison dans une semaine. Préparation d’un spectacle pour dire et exposer leurs conditions aux autres et au monde…
NOTE D’INTENTION
Lorsque j’ai découvert cette île merveilleuse qu’est le texte d’Athol Fugard, John Kani et Winston Nsthona, j’ai immédiatement compris que cette pièce englobait tout ce qu’était, pour moi, le théâtre, qu’elle était et qu’elle représentait l’essence même de mon travail et de mes recherches. Probablement parce qu’elle vient d’une nécessité. D’un besoin urgent de dire et d’exprimer les choses dans l’immédiat. D’une volonté d’imaginer le monde autrement.
Si l’imaginaire est créateur, il peut être le meilleur vecteur de changement des mentalités et du monde dans lequel nous vivons. Voilà un rôle bien noble pour le théâtre. « The Island» illustre cette vision de notre art. Un théâtre de participation et de création collective, artistes et publics en commune créativité du changement…
Dans « The Island » deux personnages se servent de leur imaginaire comme échappatoire et du théâtre comme seul moyen d’exprimer l’urgence de leur situation. Pour cela, pas d’accessoires, mais des cordes pour faire des cheveux, des clous pour faire des colliers, une tasse pour faire un téléphone; pas de distribution adéquate : Antigone est jouée par un homme. Pas de recherche de perfection, de réalisme ou d’esthétique. Un théâtre « pauvre » et « brut » qui décuple la création et l’imaginaire du spectateur.
Mais attention, même si le texte traite de l’apartheid, il ne s’agit pas ici de faire une réunion de pensées moribondes, déprimantes et moralisatrices. Tout au contraire : la pièce nous propose une rencontre vivante et vivifiante. Un moment de plaisir et de jeu où l’on utilise la vitalité des rires pour exprimer de façon bien plus forte les situations d’avilissements et de précarités. Pas de misérabilisme mais la vie et le jeu. Le jeu comme il peut se présenter, à l’état brut. Il semble d’ailleurs que la création collective à trois mains des co-auteurs, issue d’improvisations, ne soit pas étrangère au fait que reste présente cette poésie de la vie; de coucher sur le papier une matière à jouer et à vivre.
Le théâtre dans les townships est un rapport direct et de partage complet avec le public. Le théâtre des townships est né dans les rues, sur les marchés, dans les cafés. Il ne fallait surtout pas trahir cette essence.
De fait, la scénographie se voudra évocatrice de ce rapport avec la salle par la présence de tréteaux. Mais pas de ceux que nous avons l’habitude de connaître en Europe. Ces planches là ne seront pas solidement fixées au sol. Mais le plateau sera enfoui dans une île de sable que viendront découvrir les acteurs. Plateau-Cellule : Deux lieux qui ne feront qu’un. L’un étant issu / et l’issue, de l’autre.
Hassane Kassi KOUYATE
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