— Par Constance Jamet —
Mis en musique et produit par Jay-Z, ce film met en lumière des figures afro-américaines historiques de l’Ouest. Avec un casting de rêve pour les incarner : Regina King, Idris Elba et Jonathan Mayors. À découvrir en ligne le 3 novembre.
Un petit parfum de Far Ouest américain a plané, mercredi, sur la levée de rideau du Festival du film de Londres. La manifestation qui peut, comme tant d’autres, faire à nouveau le plein de stars américaines avec la décrue de la pandémie, déroulait le tapis rouge au western militant et musical de Netflix The Harder They Fall salué par la critique pour sa tentative de «dépoussiérer un genre à l’agonie», dixit Variety, car trop codifié, voire sclérosé.
En ligne dès le 3 novembre sur la plateforme Netflix, le premier long-métrage du compositeur et musicien Jeymes Samuel veut faire sortir de l’ombre ceux que les westerns classiques oublient trop souvent : les Afro-Américains et les femmes. The Harder They Fall réunit dans une même intrigue de célèbres cow-boys et hors-la-loi noirs.
Tous les personnages ont existé. Mais Jeymes Samuel a pris la licence artistique de faire croiser leur chemin. Autre particularité, The Harder They Fall résonne d’une bande-son omniprésente concoctée par Jeymes Samuel et son ami Jay-Z, également producteur du film. Des sonorités hip-hop mais aussi plus cubaines et latinos. La mise en scène, effrénée comme un clip musical, rend hommage à Quentin Tarantino (notamment pour l’hémoglobine) et Sergio Leone à grand renfort de fusillades et d’écran divisé.
Sortir d’une la vision réductrice et erronée de l’Ouest américain
Jeymes Samuel, qui a coécrit le scénario original et cosigné la musique, n’a pas laissé d’autre choix à Idris Elba, son ami de longue date, que d’incarner Rufus Buck, un hors-la-loi violent et redouté de l’époque. L’actrice-réalisatrice Regina King campe la compagne de Buck, la «traîtresse» Trudy Smith.
Révélée par la série horrifique de HBO Lovecraft Country qui mettait aussi en avant des protagonistes afro-américains dans l’univers blanc et surnaturel du romancier, la nouvelle recrue de Marvel Jonathan Majors prête ses traits au hors-la-loi Nat Love qui a une vendetta personnelle contre Buck. Son désir de vengeance va être instrumentalisé par un shérif. LaKeith Stanfield, Zazie Beetz et Edi Gathegi sont également à l’affiche de ce réglement de comptes qui se déroule dans les plaines du Texas peu après la guerre de Sécession.
Passionné de westerns qu’il regardait à la télévision britannique, Jeymes Samuel , qui est le petit frère du chanteur Seal, adorait les exploits de John Wayne et Clint Eastwood. Toutefois, ce Far-West que magnifiait Hollywood a aussi façonné une vision erronée et réductrice de la frontière américaine en faisant passer aux oubliettes les femmes, les immigrés chinois et surtout la population noire. Avec l’abolition de l’esclavage, elle s’est précipitée à l’Ouest en quête d’une nouvelle vie. Invisibles à l’écran, les cow-boys afro-américains constituaient pourtant un tiers de la profession.
«Le cadre du western était très étroit, les femmes de toutes les couleurs étaient toujours soumises», a souligné Jeymes Samuel sur le tapis rouge, ajoutant que «si vous étiez une personne de couleur, vous étiez moins qu’humain». Outre ses stars, Jay-Z avait fait le déplacement. Parmi les VIP présents à la cinémathèque britannique du BFI, la star du Seigneur des Anneaux Andy Serkis, le rappeur Kid Cudi et la révélation de la série romantique de Netflix La Chronique des Bridgerton Regé-Jean Page qui a fait chavirer l’applaudimètre.
Source: Le Figaro