Du 4 octobre 2016 au 15 janvier 2017 au Quai Branly
Quel rôle a joué l’art dans la quête d’égalité et d’affirmation de l’identité noire dans l’Amérique de la Ségrégation ? L’exposition rend hommage aux artistes et penseurs africains-américains qui ont contribué, durant près d’un siècle et demi de luttes, à estomper cette « ligne de couleur » discriminatoire.
« Le problème du 20e siècle est le problème de la ligne de partage des couleurs ».
Si la fin de la Guerre de Sécession en 1865 a bien sonné l’abolition de l’esclavage, la ligne de démarcation raciale va encore marquer durablement la société américaine, comme le pressent le militant W.E.B. Du Bois en 1903 dans The Soul of Black Folks. L’exposition The Color Line revient sur cette période sombre des États-Unis à travers l’histoire culturelle de ses artistes noirs, premières cibles de ces discriminations.
Des thématiques racistes du vaudeville américain et des spectacles de Minstrels du 19e siècle à l’effervescence culturelle et littéraire de la Harlem Renaissance du début du 20e siècle, des pionniers de l’activisme noir (Frederick Douglass, Booker T. Washington) au réquisitoire de la chanteuse Billie Holiday (Strange Fruit), ce sont près de 150 ans de production artistique – peinture, sculpture, photographie, cinéma, musique, littérature… – qui témoignent de la richesse créative de la contestation noire.
Les artistes africains-américains et la ségrégation
4 octobre 2016 – 15 janvier 2017
Galerie Jardin
Commissaire : Daniel Soutif, critique d’art
Depuis une trentaine d’années, la visibilité de la richesse de la production des artistes africains-américains depuis la fin de l’esclavage, ne cesse de croître aux États-Unis. En revanche, l’Europe en général, et la France en particulier, accusent un réel retard dans la connaissance de l’art africain-américain de cette période de l’histoire américaine.
Titre d’un article du grand leader noir Frederick Douglass, paru en juin 1881 dans The North American Review, l’expression The Color Line désigne la ségrégation des Noirs apparue aux États-Unis en 1877, après la période de Reconstruction qui suit la fin de la guerre de Sécession, en 1865. La ratification du 13e amendement allait ouvrir une nouvelle ère de l’histoire américaine, et l’esclavage laisser place à un siècle de ségrégation qui connaîtra son terme officiel en 1964, après de nombreuses luttes, avec la signature du Civil Rights Act par le Président Lyndon Johnson.
Rassemblant pour la première fois en France les grands noms de l’art africain-américain, encore trop largement méconnus en dehors des frontières américaines, l’exposition présente cette période de l’histoire américaine du point de vue de ceux qui ont eu à lutter contre cette « ligne de la couleur » discriminatoire.
Un ensemble exceptionnel de 600 oeuvres et documents s’articule autour d’un parcours chronologique. Il débute en 1865 par la fin de la guerre de Sécession, l’abolition de l’esclavage et le début de la Ségrégation, et s’achève avec des productions contemporaines qui s’inscrivent dans cet héritage de luttes déployées tout au long de l’exposition. Le parcours intègre également quelques focus thématiques sur de grandes figures ou mouvements liés à la ségrégation : l’Exposition des Nègres d’Amérique de 1900 à Paris, les héros sportifs noirs, le cinéma noir des années 1920-1940, la sinistre question des lynchages, ou encore, Harlem, quartier icônique noir de New York.